© : Terre de Blues.

J’essaie de rattraper mon retard en publiant dès aujourd’hui le portrait d’un groupe au programme de Terre de Blues, et je continuerai à le faire jusqu’à l’ouverture de l’édition 2024 qui se déroulera du 17 au 20 mai à Marie-Galante (voir la programmation dans mon article du 9 mars 2024, toujours non détaillée sur le site officiel à moins d’aller dans la billetterie !). Aujourd’hui, je m’arrête sur une formation que l’on peut qualifier de tête d’affiche, à savoir Kool and the Gang (qui se produira le 19 mai), qui fête d’ailleurs cette année ses soixante ans d’existence, un record dans le genre (R&B et funk). Il importe toutefois de préciser que le groupe actuel ne compte plus qu’un seul membre fondateur de la formation originale, le bassiste Robert « Kool » Bell, tous les autres ayant quitté ce monde…

© : The New York Times.

Je ne vous ferai pas l’injure de vous proposer une biographie détaillée de ce groupe mondialement connu, d’autant que son registre est assez peu en rapport avec l’objet de ce site, et je me contente des grandes lignes. En 1964, les frères Robert et Ronald Bell, avec quelques amis lycéens (ils sont en effet encore adolescents, âgés de treize à seize ans), lancent un premier groupe à Jersey City, New Jersey, baptisé les Jazziacs. Car malgré leur jeune âge, ils s’intéressent au jazz, et grâce à leur père et leur oncle qui les emmènent à New York, ils côtoient – et partagent même parfois la scène avec – Thelonious Monk, Miles Davis, McCoy Tyner et Pharoah Sanders ! Dans la deuxième moitié des années 1960, ils commencent à reprendre des standards soul de chez Motown, tournent de plus en plus indépendamment et changent plusieurs fois de nom.

© : Stereogum.

En 1969, la formation qui compte désormais huit musiciens prend le nom de Kool and the Gang et signe pour le label De-Lite Records. Un album est enregistré en décembre, simplement intitulé « Kool and the Gang », dont la chanson-titre et Let the music take your mind se hissent l’année suivante dans le top 20 des charts soul de Billboard, une performance notable pour un groupe alors quasi inconnu. Ils enchaînent avec deux albums en public « Live at the Sex Machine » et « Live at PJ’s », tous deux sortis en 1971. Si le premier leur vaut leur premier Top 10 (il reste même trente-trois semaines dans le classement !), ces deux disques live contribuent surtout à asseoir leur réputation auprès du public. L’année suivante, deux albums supplémentaires s’ajoutent, « Music Is the Message » et « Good Times ».

Leur premier album enregistré en 1969. © : Discogs.

À ce stade, la musique de Kool and the Gang paraît presque hétéroclite, toujours inspirée par le jazz (et même le jazz rock alors naissant, ce dont témoignent certains thèmes instrumentaux), avec des apports venus du R&B, de la soul et bien sûr du funk de James Brown, une influence majeure. Peu après, leur choix artistiques se rapprochent progressivement de la vague disco proche de déferler. En 1973, l’album « Wild and Peaceful » cartonne avec plusieurs « hits » dont Hollywood swinging qui offre au groupe son premier Top 1 des charts R&B (en juin 1974). Mais la vague du disco se retire à la fin des années 1970 et les succès s’espacent. Kool and the Gang démontre alors une capacité certaine à se renouveler, essentiellement grâce à deux nouveaux venus, le chanteur James « J.T. » Warren Taylor et le producteur, compositeur et arrangeur brésilien Eumir Deodato.

Robert « Kool » Bell, Ronald Khalis Bell, Dennis « DT » Thomas et George Brown de Kool & the Gang reçoivent une étoile sur le Hollywood Walk of Fame le 8 octobre 2015 à Hollywood, Californie. © : Tommaso Boddi / WireImage / Getty Images.

Si elle reste ancrée dans le R&B et le funk, la musique de Kool and the Gang se fait alors également plus commerciale, plus orientée vers la pop. Je ne vous cache pas que cette approche artistique n’est pas celle qui me touche le plus dans le parcours de la formation, mais je reconnais bien volontiers qu’elle lui vaut ses plus grands succès populaires dans les années 1980, dont les très fameux Ladies’ night, Celebrate! et Get down on it. Après cela, à l’instar de bien d’autres, le groupe va commencer à vivre sur ses acquis, avec une production sans doute assez éloignée des attentes des lectrices et lecteurs de ce site. Mais sa popularité demeurera avec des sorties d’albums à un rythme soutenu, et le dernier à ce jour date de 2023. C’est donc bien une formation qui marque la musique populaire depuis six décennies qui montera sur la scène de Terre de Blues le 19 mai prochain !

Robert « Kool » Bell, dernier survivant parmi les membres fondateurs du groupe, le 11 juin 2023, Cambridge Club Festival, Angleterre. © : C Brandon / Redferns / Getty Images.

Pour compléter cet article, sachez que les organisateurs du festival ont lancé hier 29 avril 2024 un jeu-concours qui vous permettra de gagner deux pass trois jours. Pour cela, il suffit de vous rendre sur la page Facebook de Terre de Blues et plus précisément à cette adresse : il vous est alors demandé de vous abonner à ladite page (c’est évidemment gratuit et sans engagement), puis de suivre les instructions. Vous avez jusqu’au 8 mai pour tenter votre chance, date à laquelle les gagnant(e)s seront désigné(e)s par tirage au sort.
Je termine bien entendu avec quelques chansons en écoute par Kool and the Gang. Mais pas celles qui sont usées jusqu’à la corde et/ou passées à la moulinette des mix et remix par des DJ sans imagination, non, des chansons des débuts du groupe, pleines de fraîcheur et de spontanéité.
Kool’s back again en 1969.
Walk on by en 1970.
Sombrero Sam en 1971.
Blowin’ with the wind en 1972.
I remember John W. Coltrane en 1972.

© : Terre de Blues.