Pour 2024, je vous propose deux listes des dix albums et des cinq livres qui ont selon moi marqué cette année. Ce ne sont donc pas des classements, mais début 2025, je publierai mes Top 10 et Top 5 dans les deux catégories. Passons donc aujourd’hui au deuxième disque avec « Bessie Jones, John Davis, & The Georgia Sea Island Singers with Mississippi Fred Mcdowell and Ed Young – The Complete Friends of Old Time Music Concert » (Smithsonian Folkways Recordings). Fondés au début du XXe siècle, les Georgia Sea Island Singers sont les plus importants représentants de la culture musicale gullah de la Côte Est. Leur langue, également connue sous le nom de geechee, est la plus ancienne forme de créole des États-Unis, issue des premiers esclaves arrivées sur ce territoire dès le XVIIe siècle. Quant à leur musique, elle emprunte aux spirituals, au gospel, au blues, au folk, mais aussi aux danses et chants d’origine africaine. Sur ce disque absolument essentiel, ils sont accompagnés sur six chansons par Mississippi Fred McDowell. Il importe de préciser qu’il ne s’agit pas d’une réédition mais bien d’un album composé de vingt-cinq morceaux tous inédits (ce qui lui donne encore plus de valeur) enregistrés lors d’un concert en avril 1965. Outre deux extraits en écoute, Keep your lamp trimmed and burning et Buzzard lope in that old field, vous trouverez ci-dessous le texte de ma chronique de ce document précieux, publiée dans le numéro 255 de Soul Bag.
BESSIE JONES, JOHN DAVIS, & THE GEORGIA SEA ISLAND SINGERS WITH MISSISSIPPI FRED MCDOWELL AND ED YOUNG – THE COMPLETE FRIENDS OF OLD TIME MUSIC CONCERT
GULLAH MUSIC
Les Georgia Sea Island Singers représentent la musique gullah, une tradition de la côte sud-est de l’Amérique du Nord où débarquèrent dès les années 1620 les premiers esclaves. Marquée par les percussions et les danses d’Afrique de l’Ouest, elle naît des chants d’esclaves et des work songs. Au XIXe siècle, elle s’enrichit de spirituals, puis de gospel et de blues, enfin de folk et de jazz. La fondation des Georgia Sea Island Singers remonte au début du XXe siècle. Ils sont enregistrés en 1935 par Alan Lomax, Mary Elizabeth Barnicle et Zora Neale Hurston, et Lomax remet ça en 1959 et 1960. Le groupe apparaît aussi durant le Blues Revival, et un autre folkloriste, Peter Siegel, l’immortalise en 1965, avec dans ses rangs Mississippi Fred McDowell ! Cela donne cet album entièrement inédit de 25 chansons dont 6 avec McDowell, sur lequel on entend Bessie Jones et John Davis (chant, percussions, danse), véritables piliers du groupe, mais aussi Ed Young au fifre et Alan Lomax à la présentation… Document historique, inestimable et fondamental, témoignage unique pour comprendre la genèse des musiques afro-américaines : danses et chants « tribaux » (Handclapping-Cane fife, Buzzard lope in that old field), works songs (Goodbye my Riley O, Go row the boat child, Sink ‘em low), slave song (Once there was no sun), spirituals (Adam in the garden, Who built the ark, I heard the angels singing), McDowell dans le « tourbillon » (Shake ‘em on down avec Bessie Jones déchaînée au tambourin, Keep you lamp trimmed and burning avec tout le groupe, Don’t ever leave me avec la chanteuse Mable Hillery), Marching on the Mississippi line par Mable Hillery et Emma Lee Ramsey, formidable version de Chevrolet par Ed Young, Before this time another year frénétique pour conclure, on en sort (très) remué…
© : Daniel Léon / Soul Bag.
Les derniers commentaires