© : Robert Scheu / Stefan Wirz.

Chanteur, violoniste et guitariste spécialiste de la steel guitar, Robinson ne s’est vraiment fait connaître qu’à partir de la fin des années 1960, ce qui lui suffit pour s’affirmer parmi les artistes en vue du blues californien jusqu’à son décès en 1976. Malgré son indiscutable talent, son éclectisme (blues d’abord, mais aussi country et même gospel…) et son influence sur d’importants artistes de la scène locale, on ne parle plus beaucoup de Robinson aujourd’hui, ce qui nous motive d’autant plus pour nous arrêter sur son parcours ! Il naît Louis Charles Robinson le 13 mai 1914 (l’année 1915 est également citée) à Brenham, une ville texane au nord-ouest de Houston. Par sa sœur aînée Ella Mary Robinson, il serait un lointain cousin de Blind Willie Johnson, grâce auquel il aurait appris les rudiments de la guitare slide à neuf ans.

© : Stefan Wirz.

Mais les premières années de sa vie son mal renseignées. En revanche, on sait qu’il s’intéresse assez jeune à la country et plus particulièrement au Western swing. Il fréquente ainsi les Texas Playboys de Leon McAuliffe et Bob Wills, apprend la steel guitar avec le premier et le violon avec le second. Parallèlement, dans les années 1930, il se produit également dans sa région natale avec son frère aîné, le chanteur-harmoniciste Arthur Clay « A.C. » Robinson. En 1939 ou 1940, il se fixe à Oakland en Californie où il continue de jouer avec son frère. Ils se font une petite réputation et enregistrent en 1946 chez Black & White quatre faces sous le nom de The Robinson Bros. (L.C. joue uniquement de la guitare), sur lesquelles le pianiste Richard Lee Daniels les accompagne.

© : Sentir El Blues.

Il doit toutefois attendre 1954 pour enregistrer un premier single sous son nom chez Rhythm, sur lequel il chante et joue de la guitare. La même année, il apparaît sur deux faces du chanteur-pianiste Mercy Dee Walton, mais seule la première est éditée (la seconde le sera plus tard chez Arhoolie sur l’album « Mercy Dee », mais seulement sur un pressage dont la date est mal déterminée, sans doute en 1965…). Insuffisant pour lancer sa carrière discographique, mais grâce à son dynamisme sur scène, qui lui vaut le surnom de « Good Rockin’ », il est apprécié des groupes pop/rock de la Côte Ouest et ouvre pour Jefferson Airplane et Hot Tuna, tout en donnant des leçons de violon à Don « Sugarcane » Harris.

© : Stefan Wirz.

En 1968, World Pacific sort l’album « Oakland Blues », que Robinson, auteur de cinq chansons, partage avec Lafayette Thomas et Dave Alexander. Une forme de consécration survient en 1971 quand il enregistre chez Arhoolie l’album « Ups and Downs » (réédité en 1996 sous le titre « Mojo in My Hand »). Un disque superbe sur lequel Robinson s’entoure de Charlie Musselwhite et des musiciens du groupe de Muddy Waters de l’époque : James « Pee Wee » Madison et Sammy Lawhorn aux guitares, Pinetop Perkins au piano, Calvin « Fuzz » Jones à la basse et Willie « Big Eyes » Smith à la batterie ! Trois ans plus tard, il signe chez Bluesway « House Cleanin’ Blues », avec entre autres Robert Hooker, fils de John Lee, au piano, et Luther Tucker à la guitare. Artiste très respecté du blues californien, son jeu de steel guitar aura influencé Freddie Roulette et Sonny Rhodes. Tout indiquait qu’il allait poursuivre une brillante carrière, il s’apprêtait même à tourner en Europe, mais le 26 septembre 1976, alors âgé de soixante-et-un ans, il est terrassé par une crise cardiaque.

© : Spotify.

Passons maintenant à notre sélection de chansons en écoute.
Why don’t you write me en 1954.
Trailing my baby en 1954 par Mercy Dee Walton avec Robinson à la guitare.
Train time blues en 1968.
Ups and downs en 1971. Au violon !
Across the bay blues en 1971.
House cleanin’ blues en 1974.
Train time en 1974.

© : Chris Strachwitz / Big Road Blues.