© : Alchetron.

Ce chanteur-bassiste connut en quelque sorte deux carrières. La première le vit officier comme accompagnateur de bluesmen de renom dont Freddie King, Wild Child Butler, Carey Bell, Albert Collins, James Cotton, Junior Wells, Jimmy Witherspoon, Billy Boy Arnold, Fenton Robinson, Valerie Wellington, Big Jack Johnson, Honeyboy Edwards, Eddy Clearwater, Willie Mabon et John Littlejohn ! Mais comme c’est également un superbe chanteur à la voix voilée très expressive, il a également mené une carrière sous son nom à partir de la fin des années 1980, ponctuée d’albums de très bon niveau, hélas trop peu nombreux à nos yeux…

© : Wolfgang Koeckstadt.

Aron Burton voit le jour le 15 juin 1938 à Thyatira, une petite localité située à une dizaine de kilomètres à l’est de Senatobia, autrement dit en pleine région des collines du nord du Mississippi. Il fait ses débuts très jeune en chantant du gospel, et ses talents vocaux lui valent d’être rapidement demandé dans plusieurs églises locales. En 1955, la mère d’Aron Burton, horrifiée par l’assassinat de l’adolescent Emmett Till (notre article du 24 février 2023), décide d’envoyer son fils à Chicago. Avec son cousin Reuben, il participe à la fondation des Victory Travelers. La formation existe toujours et Reuben Burton fut également un militant actif de la lutte pour les droits civiques, aux côtés de Martin Luther King, Jesse Jackson ou encore Dorothy Tillman. L’adolescent ne tarde pas à se faire remarquer dans le monde du blues, et dès 1956, il est engagé par Freddy (pas encore Freddie) King ! Burton chante d’abord pour King (qui signe d’ailleurs son premier single également en 1956), mais il ne fait aucun doute qu’il jouait déjà de la basse. En tout cas, c’est King en personne qui lui offre sa première basse, de marque Fender.

© : Discogs.

Ensuite, de 1961 à 1965, Aron Burton part effectuer son service militaire en Allemagne, où il continue de pratiquer. À son retour, il côtoie des artistes dans divers styles (rock, R&B, soul, jazz, blues) et travaille avec Billy Wade and the Third Degrees, Baby Huey and the Babysitters, Fontella Bass, Jackie Ross, Sugar Pie DeSanto et Wild Child Butler. Il stabilise ensuite dans le groupe de Junior Wells, avec lequel il reste de 1969 à 1972 sans toutefois apparaître sur disque. À partir de là, Burton va se dédier exclusivement au blues, et en 1978, il lance véritablement sa carrière en rejoignant Albert Collins, pour lequel son frère Larry tient déjà la guitare rythmique, sur l’album « Ice Pickin’ » (Alligator).

© : Discogs.

Deux ans plus tard, Aron Burton enregistre un single sous son nom, Garbage man / Been downpour le label Cleartone d’Eddy Clearwater, qui passe inaperçu. Burton continue d’accompagner de nombreux bluesmen (notre liste en début d’article), mais cela ne lui suffit pas pour vivre totalement de sa musique et il exerce en parallèle le métier d’horticulteur. Il vit ensuite trois ans en Europe à la fin des années 1980 et côtoie Champion Jack Dupree et le guitariste Kenn Lending, avec lesquels il grave à Copenhague au Danemark son premier album en 1987, « Usual Dangerous Guy » (Avaron). De retour aux États-Unis, il voit le label Earwig rééditer en 1993 son album pour Avaron (à diffusion intimiste), enrichi de cinq nouvelles chansons réalisées à Chicago, sous le titre « Past, Present & Future ». En 1996, toujours chez Earwig, il signe « Aron Burton Live » (avec Michael Dotson, Lester Davenport, Kenny Smith), puis en 1999 « Good Blues To You » chez Delmark (avec son frère Larry, Billy Branch, Lurrie Bell, Lester Davenport, Dave Specter), enfin « The Cologne Sessions » en 2001 pour Schubert lors d’une tournée en Allemagne. Burton s’avère dès lors très crédible en leader de formation mais il n’enregistrera plus rien tout en continuant de se produire sur scène à Chicago. Mais en 2014, sa santé décline et l’oblige à se retirer. Deux ans plus tard, le 29 février 2016, il s’éteint à soixante-dix-sept ans des suites du diabète et d’une crise cardiaque.

Au Chicago Blues Festival le 5 juin 2008. © : Jack Vartoogian / Getty Images.

Voici maintenant nos chansons en écoute.
The highway is like a woman en 1986.
Found my baby gone en 1996.
Been down et One way out, sans date, New Orleans Jazzfestival Magdeburg.
You’ve been gone so long en 1999.
Two way street en 2000.
Key to the highway en 2008 avec Johnny « Yard Dog » Jones.

 

Avec Lady Dottie le 14 novembre 2009. © : Koldo Orue.