Depuis début décembre, je rediffuse sur ce site les dix épisodes de la série réalisée par Miguel Octave, « La fabuleuse histoire de la musique guadeloupéenne », une production Zycopolis avec France Télévisions. Comme je vous l’expliquais avant-hier ici, j’ai interrompu les rediffusions car les fêtes de fins d’année ne s’y prêtaient pas. Voici donc le quatrième épisode, intitulé « Destins Brisés ». Tout est dit dans le titre, ce volet proposent les parcours d’artistes qui nous ont quittés prématurément, avec des portraits de Gilles Floro (1964-1999), Jacques Bracmort (1948-1969) et Patrick Saint-Éloi (1958-2010). Pour les deux premiers, ce fut particulièrement brutal, Floro décédant en chutant du toit de sa maison, Bracmort dans un accident de la route, tandis que Saint-Éloi a été emporté par un cancer.
Malgré la brièveté de leur carrière, à des époques et dans des registres différents, ces trois artistes ont marqué l’histoire de la musique guadeloupéenne, et l’influence de Saint-Éloi s’étendra largement au-delà des frontières de l’archipel. L’historien Philippe Pilotin évoque d’abord la profondeur des textes de Floro qui font mouche, tout en soulignant qu’en perdant leurs auteurs on perd une partie de soi, et Jean-Marc Dulice, producteur et organisateur de spectacles parle de sa première rencontre avec l’artiste, dont il deviendra le manager. Concernant Jacques Bracmort, les frères Charles et Guy Datil, comme lui membres des Maxel’s, reviennent aussi sur leurs débuts et la force de caractère du chanteur. Pour Saint-Éloi, les narrateurs insistent sur sa capacité à mener une carrière sous son nom et avec Kassav’. Willy Salzedo, pianiste et compositeur, considère qu’il fut le premier à parler d’amour en créole, tandis que le journaliste Bertrand Dicale rappelle qu’il ne fut pas seulement chanteur, mais aussi un compositeur et musicien génial. Ainsi, il n’hésite pas à le comparer à Dave Brubeck dans le jazz et Jacques Brel dans la chanson !
Les portraits sont vivants, articulés de la même manière (les débuts, les grands lignes du parcours, l’influence, la disparition, le tout agrémenté d’extraits musicaux), et prennent une dimension très émouvante quand ils s’arrêtent sur les circonstances de la mort des artistes. Outre ceux précédemment cités, les principaux intervenants, déjà entendus dans les épisodes précédents, sont toujours pertinents, d’autant qu’ils ont généralement connu les artistes : le producteur Jackie Dulice, les musiciens Dave Martial, Thierry et Jean-Philippe Fanfant, Willy Salzedo, Max Labor, Max Séverin, Pierre-Édouard Décimus… Et ce volet s’inscrit dans la lignée des précédents, celle de l’excellence, à voir à cette adresse.
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