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Au programme de mon émission sur YouTube, Walter Vinson (rubrique « Un blues, un jour »), et Fred Chapellier (rubrique « Sur scène »).

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© : Allmusic

Né le 2 février 1901, il y a donc 118 ans, Walter Vinson aurait eu 118 ans aujourd’hui. Ce chanteur, guitariste et violoniste est surtout notoire pour sa participation aux Mississippi Sheiks dès la fin des années 1920, mais c’est également un musicien important car il fit partie des premiers à jouer du blues rural dans des groupes constitués, à une époque où la plupart des bluesmen évoluant dans ce style se produisaient et enregistraient seuls. On peut l’associer aux jug bands qui font aussi partie des groupes pionniers, mais Vinson et les Mississippi Sheiks étaient en fait plus proches des string bands (avec guitares, banjos, mandolines, violons…), dont ils élargirent le registre en y intégrant les ingrédients du blues.

Vinson vient de Bolton dans le Mississippi, à la limite sud du Delta, à peu près à mi-chemin entre Vicksburg et Jackson. Son nom est souvent mal orthographié et on trouve du Vincson ou même du Vincent pour le désigner. En revanche, il a bien enregistré quelques faces en 1930 sous le pseudonyme de Walter Jacobs, utilisant pour cela le nom de jeune fille de sa mère. Il apprend dès sa plus tendre enfance en jouant dans les rues, puis lors de soirées ou autres réunions de voisinage (parties, picnics) en grandissant. Dès ses véritables débuts dans la première moitié des années 1920, il n’apparaît donc pas seul mais au sein de duos et de trios, notamment avec Rubin Lacey et Papa Charlie McCoy, et peut-être Tommy Johnson et Ishmon Bracey. En 1928, il rencontre Lonnie Chatmon avec lequel il forme donc les Mississippi Sheiks, qui comprendront deux autres frères Chatmon, Sam et Armenter, ce dernier plus connu sous le nom de Bo Carter, ainsi que Papa Charlie McCoy.

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© : Discogs

Dès leur première séance en studio le 17 février 1930, les Mississippi Sheiks gravent Sitting on Top of the World, leur titre phare que Vinson prétendra avoir écrit (en fait, il en partage sans doute la composition avec Lonnie Chatmon). La chanson est un succès, et elle fait aujourd’hui partie des standards de la musique populaire américaine, repris par des dizaines d’artistes dans différents styles. Les Sheiks feront partie des groupes populaires de leur temps et enregistreront jusqu’en 1935. En 2013 et en 2014, le label Third Man Records a réédité l’intégrale en 5 volumes de leurs enregistrements (dont les faces sous leurs noms hors Mississippi Sheiks), « Complete Recorded Works Presented in Chronological Order ». De son côté, Vinson signera encore quelques faces au début des années 1940 avant de s’éloigner du monde de la musique, vivant quelque temps à La Nouvelle-Orléans avant de se fixer à Chicago. Il profitera un peu du Blues Revival des années 1960 pour réenregistrer, et il reformera même des New Mississippi Sheiks en février 1972 avec d’autres pionniers des années 1930, à savoir Sam Chatmon, Carl Martin et Ted Bogan ! On retrouve ces faces de 1972 sur un album sorti en 2004 par Rounder, « The New Mississippi Sheiks ». La santé de Vinson déclinera ensuite rapidement et il décédera le 22 avril 1975 à 74 ans. Pour mon émission, plutôt qu’un titre très connu des années 1930, j’ai choisi un des morceaux de 1972 avec les New Mississippi Sheiks, Wintertime Blues.

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Une photo du verso de la pochette du disque Rounder, avec Walter Vinson en bas à gauche. © : Stefan Wirz.

 

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Pour la rubrique du samedi consacrée aux concerts, j’ai trouvé une belle occasion pour évoquer un bluesman français parmi les plus populaires, le chanteur et guitariste Fred Chapellier et son dernier album « Fred Chapellier Plays Peter Green ». Il y a une première raison à cela en rapport avec le thème de la rubrique du jour : Fred se produira en effet ce soir 2 février à l’Espace Manureva à Douzy dans les Ardennes, pas très loin de Sedan en fait. Et puis, parce que sa discographie qui compte une quinzaine d’albums sous son nom commence à être plus que consistante. On ne saurait en outre occulter ses collaborations prestigieuses, notamment avec Jacques Dutronc côté français, mais aussi Billy Price, Neal Black, Nico Wayne Toussaint, Tom Principato et dernièrement Dale Blade.

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Avec Ahmed Mouici. © : W.T.R.

En outre, il est prolifique ces derniers temps car il a carrément sorti deux albums en 2018 ! Enfin, cet artiste est très respectueux de ses pairs auxquels il aime rendre hommage. Ce fut le cas pour Roy Buchanan en 2007, et son dernier album enregistré en public et sorti en octobre 2018 chez Dixiefrog s’intitule donc « Fred Chapellier Plays Peter Green », et il est évidemment question cette fois d’évoquer l’ancien guitariste de Fleetwood Mac. Autrement dit, c’est bien du live et ça nous rappelle plein de bons souvenirs de la grande époque Fleetwood Mac de la fin des années 1960. Mais c’est quand même bien du Chapellier, avec en plus quelques invités très recommandables comme Alain « Leadfoot » Rivet et Ahmed Mouici au chant, ainsi que Pascal Mikaélian à l’harmonica. J’ai retenu un morceau avec une belle mélodie accrocheuse, I Love Another Woman.

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Avec Alain « Leadfoot » Rivet. © : Provence Magazine

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Avec Pascal Mikaélian. © : Christophe Losberger