Au programme de mon émission sur YouTube, Phillip Walker, (rubrique « Un blues, un jour »), et Jon Shain(rubrique « Top of blues »).
Le parcours de Phillip Walker, né le 11 février 1937, et qui aurait donc fêté ses 82 ans aujourd’hui, est aussi riche que singulier, et ce chanteur aura marqué le blues de son élégance et de son éclectisme. Il est né à Welsh au sud-ouest de la Louisiane de parents adolescents (son père et sa mère se marièrent quand ils avaient respectivement 14 et 13 ans…) qui auront finalement douze enfants. Métayer, son père était également très bon bricoleur, ce qui lui permit d’élever sa nombreuse famille dans des conditions acceptables. Les Walker s’installent pourtant en 1945 au Texas dans la région de Port Arthur. Quatre ans plus tard, alors que Phillip a 12 ans, la santé de son père décline. Dès lors, l’école n’est plus une priorité et les enfants les plus âgés doivent s’occuper des plus jeunes. Parallèlement, entouré d’oncles musiciens, Walker s’intéresse très jeune à la musique et se fabrique une première guitare à l’aide d’une boîte de cigares et de cordes tirées de moustiquaires des fenêtres de la maison familiale ! Il se débrouille assez vite à la guitare et se produit localement dès l’âge de 15 ans.
Peu après, en 1953, un premier tournant se présente dans son existence car il rencontre Clifton Chenier, qui vit lui aussi à Port Arthur. Malgré son jeune âge, Walker est embauché comme guitariste, et il va accompagner le roi du zydeco sur de nombreux singles des années 1955 à 1957, soit durant une période particulièrement créatrice de Chenier. À partir de 1959, il s’installe à Los Angeles, enregistre un peu sous son nom et obtient un premier succès avec Hello My Darling. Il enregistre aussi dans une veine R&B avec sa femme qui porte le nom de scène de Miss Bea Bopp, ainsi qu’avec des artistes locaux comme Elmon Mickle, Teddy Reynolds et George Smith, mais sa carrière débute vraiment en 1969 quand il rencontre le producteur Bruce Bromberg. En décembre 1971, il participe aux sessions de Ted Hawkins qui seront éditées en 1982 sur son génial album « Watch your Step » (Rounder), que j’évoque dans mon émission et mon article du 22 novembre 2018.
Outre des disques avec Johnny Shines, Johnny Fuller, Eddie Taylor et Prince Dixon, Phillip Walker sort en 1973 chez Playboy un excellent premier album, « The Bottom of the Top ». Walker va signer au total une douzaine d’albums sur lesquels il déçoit rarement, mes favoris étant « Tough As I Want to Be » (Rounder, 1984), « Blues » (Hightone, 1988), « I Got a Sweet Tooth » (Black Top, 1998), « Lone Star Shoot Out » qu’il partage avec Lonnie Brooks et Long John Hunter (Alligator, 1999), et son dernier, « Going Back Home » (Delta Groove, 2007). Sa discographie met en avant tout son éclectisme. En effet, ayant assimilé au gré de sa vie en Louisiane, au Texas et en Californie des ingrédients de différents styles de blues, il se distingue avec une musique personnelle et surtout d’une grande variété. C’était notamment un guitariste incisif et lumineux, doublé d’un chanteur capable d’une belle ferveur. Il nous a quittés le 22 juillet 2010 à l’âge de 73 ans. J’ai choisi pour mon émission un extrait de son dernier album de 2007, « Going Back Home », un morceau intitulé Special Built Woman.
Comme je l’avais annoncé la semaine dernière, je consacre une deuxième page « Top of blues » aux gagnants de l’International Blues Challenge qui s’est achevé le 26 janvier dernier à Memphis. Après Ms. Hy-C & Fresh Start que j’évoque dans mon émission et mon article du 4 février 2019, et qui l’a emporté dans la catégorie des groupes, j’évoque donc le vainqueur de la catégorie solos/duos. Il s’agit de Jon Shain de la Triangle Blues Society, et j’avoue bien volontiers que je ne connaissais pas ce chanteur et guitariste né le 18 novembre 1967 à Haverhill (Massachusetts). Il semble en effet plutôt appartenir à la scène folk et americana, mais comme il est basé à Durham en Caroline du Nord, il s’intéresse aussi au Piedmont Blues de la Côte Est et il a côtoyé des bluesmen dans ce style qui ont enregistré pour la Music Maker Relief Foundation, dont Big Boy Henry, John Dee Holeman et Lightnin’ Wells. En outre, son dernier album s’intitule « Gettin’ Handy with the Blues – a Tribute to the Legacy of W.C. Handy » (Flyin’ Records, 2018). Bref, après avoir pris le temps de l’écouter, force est de constater que cet artiste maîtrise le blues traditionnel, et il n’est pas surprenant qu’il ait été couronné à l’IBC. J’ai retenu pour mon émission un morceau réalisé en public en 2015, une reprise d’un standard de Muddy Waters, Louisiana Blues.
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