Top of blues copie

© : Brigitte Charvolin / Soul Bag

Au programme de mon émission sur YouTube, Arthur « Big Boy » Spires (rubrique « Un blues, un jour ») et Walter « Wolfman » Washington (rubrique « Top of Blues »).

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© : Pete Welding / YouTube

Je m’arrête aujourd’hui sur Arthur « Big Boy » Spires, né le 25 février 1912, il y a donc tout juste 107 ans. Ce chanteur et guitariste fut actif dans les années 1950 à Chicago, où il s’inscrivit en acteur de la grande période de l’âge d’or du blues moderne, même si des ennuis précoces de santé viendront écourter sa carrière prometteuse. Spires est originaire de Yazoo City dans le Mississippi, au sud-est du Delta pour être précis, mais, issu d’une famille comptant huit enfants peu concernée par la musique (hormis un oncle), il n’y vient pas immédiatement, apprenant seulement la guitare en 1930, vers l’âge de 18 ans. Une de ses premières influences serait Henry Stuckey, précurseur du blues de Bentonia (lire mon article du 9 février 2019 sur Jack Owens). À la fin des années 1930, il est toutefois suffisamment compétent pour se produire localement.

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Johnny Williams, Little Willie Smith (Willie « Big Eyes » Smith) et Arthur « Big Boy » Spires. © : Stefan Wirz

Puis il s’installe à Chicago en 1943 et apparaît d’abord dans des soirées du South Side, puis plus tard dans les clubs de la ville. Comme il est plus âgé que la plupart des bluesmen venus du Mississippi faire carrière à Chicago à la même époque, il parvient dès le début des années 1950 à s’entourer de futures grandes figures du blues, donc Louis Myers à la guitare et son frère Dave à la basse, qui peu après formeront les Aces, une formation phare de l’âge d’or. Il forme son propre groupe, the Rocket Four, et fait peu après ses débuts discographiques pour Checker, le 13 mars 1952. On note au sein de sa formation (Earl Dranes et Eddie El étant les deux autres guitaristes) la présence d’un certain Willie Smith aux maracas. Il s’agit très certainement de Willie « Big Eyes » Smith, également harmoniciste et surtout un des futurs grands batteurs de l’histoire du blues. Mais en 1952, il n’avait que 16 ans…

En tout cas, en 1954 et 1955, Smith jouera cette fois de l’harmonica sur d’autres faces de Spires. De 1953 à 1955, parfaitement entouré de musiciens souvent meilleurs que lui, Spires va signer pour les labels Chance et United quelques faces aujourd’hui considérées comme des classiques du Chicago Blues (Someday Little Darling, My Baby Left Me), dont beaucoup ne seront éditées que dans les années 1970 et 1980… Mais il cesse ensuite d’enregistrer, hormis une seule séance en 1965 avec Johnny Young pour le label Testament, qui reste aussi à ce jour largement inédite. Cette inactivité forcée s’explique par l’arthrite qui l’empêche de jouer de la guitare. Spires se retire dès lors du circuit et décède le 22 octobre 1990 à 78 ans. Arthur Spires est aussi le père de l’harmoniciste Bud Spires, qui accompagna longtemps Jack Owens à Bentonia (voir plus haut). À ce jour, aucun label n’a jugé opportun de sortir une intégrale des titres de Spires, disséminés sur différentes compilations, et c’est bien dommage. On se repliera éventuellement sur l’intéressante l’anthologie « Chicago Blues : The Chance Era »(Charly, 1997), qui compte six faces de Spires pour Chance dont quatre jusque-là inédites, et qui met en scène d’autres artistes dont John Lee Hooker, Little Walter, Homesick James, J. B. Hutto, Sunnyland Slim… J’ai choisi pour mon émission le premier morceau enregistré par Arthur Spires, qui date de 1952, et sur lequel Willie Smith serait donc aux maracas, Murmur Low.

 

Au sein d’une actualité particulièrement riche dans le cadre de la rubrique « Top of Blues », j’ai déjà notamment évoqué ces dernières semaines les Grammy Awards, l’International Blues Challenge et les nominés des Blues Music Awards. Il est temps de considérer aujourd’hui les prix annuels de l’Académie du Jazz, décernés le 9 février et qui portent sur des réalisations de l’année 2018, et vous pouvez retrouver l’intégralité du palmarès à cette adresse. Dans la catégorie « Blues », le prix est revenu à Walter « Wolfman » Washington pour son dernier album « My Future Is My Past », sorti chez Anti-. Il faut souligner que les deux autres finalistes étaient des groupes français qui ont déjà fait l’objet d’émissions sur cette chaîne, Delgres et Muddy Gurdy.

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© : WWNO

Reconnaissons qu’à 75 ans Washington reste au sommet de son art. D’ailleurs, pour en savoir plus sur le parcours de ce superbe chanteur et guitariste de La Nouvelle-Orléans, je vous conseille de lire l’article très complet publié dans le numéro 231 de Soul Bag paru l’été dernier. Comme toujours avec Washington, il y a beaucoup de nuances, un peu de blues, un peu de jazz, un peu de ballade soul et bien sûr un peu de funk, car c’est produit par le saxophoniste funk Ben Ellman du groupe Galactic. Au bilan c’est un disque réellement somptueux, très dépouillé et même intimiste, histoire que Washington puisse distiller son art à petites touches qui font toujours mouche. Vraiment un album à déguster… Pour mon émission, j’ai choisi Steal Away, à l’origine une chanson soul, mais ici pleine de finesse et d’un groove jazzy, ce qui résume bien l’approche générale du CD…

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