Blues in France copie

Au programme de mon émission sur YouTube, Little Walter (rubrique « Un blues, un jour »), et Kenny Brown avec Cedric Burnside (rubrique « Blues in France»).

On se fait très plaisir aujourd’hui avec un autre grand du blues, Little Walter en personne, né le 1ermai 1930, il y a 89 ans. Ce géant de l’harmonica fait partie du Top 5 à l’instrument aux côtés des deux Sonny Boy Williamson et de Big Walter Horton, mais il est peut-être encore plus influent. On dit souvent que Little Walter a révolutionné l’harmonica par sa capacité à tirer le maximum de l’amplification électrique apparue dans la seconde moitié des années 1940. C’est parfaitement exact, mais Little Walter, c’est bien plus que cela. C’est un explorateur des sons, un novateur unique qui a apporté de nouvelles nuances au jeu d’harmonica, dont il a repoussé les limites pour l’amener sur un terrain inconnu.

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© : Universal Music Archive / SFGate

Mais il fut aussi un des principaux créateurs du blues moderne, au sein du groupe de Muddy Waters, avec les Aces, Jimmy Rogers et d’autres encore. Enfin, n’oublions pas que Little Walter, qui fut également présent à la guitare lors de certaines séances, était un compositeur avisé et un remarquable chanteur. Dès lors, avec le recul, on peut légitimement se demander s’il n’est pas l’artiste central, la véritable clé de voûte de l’âge d’or du blues moderne. Il apparaît très jeune sur disque, en 1947, accompagné de Jimmy Rogers, puis auprès de Muddy Waters deux ans plus tard, les Aces en 1952… Mais tenter d’établir une liste n’aurait ici pas de sens car Little Walter, sous son nom et comme accompagnateur, a joué avec tous les plus grands bluesmen des années 1950 et 1960. Il eut beaucoup de succès, obtenant notamment quatorze Top 10 dans les charts de The Billboard entre 1952 et 1958, Juke en 1952 et My Babe en 1955 atteignant même la première place…

Inexplicablement, et on peut même parler d’anomalie dans l’histoire du blues pour un artiste de cette stature, Little Walter n’a pas sorti d’album complet sous son nom, et il faut donc se reporter sur des compilations, heureusement assez nombreuses. La plus complète, qui compte 5 CD et 126 morceaux, s’intitule « The Complete Chess Masters 1950-1967 » (Hip-O Select, 2009), mais pour disposer d’une intégrale avec ses toutes premières faces d’avant 1950, il faut en ajouter une autre, « The Chronological Little Walter 1947-1953 » (Classics, 2004), ce qui impose dès lors d’accepter quelques doublons… S’il fut artistiquement extrêmement brillant, Little Walter avait aussi une face sombre, caractérisée par l’abus d’alcool et un comportement instable et agressif à l’origine de nombreux incidents. Et c’est une de ces bagarres sordides qui causera sa mort prématurée à 37 ans le 15 février 1968. Les seules images filmées connues de Little Walter datent de la tournée de l’American Folk Blues Festival en 1967. Je le propose dans ce contexte dans mon émission, avec Hound Dog Taylor à la guitare et Odie Payne à la batterie, pour Mean Old World.

 

Pour la page « Blues in France », j’avoue bien volontiers que je triche un peu. D’abord en parlant d’un festival, qui aurait donc plus sa place dans les rubriques habituelles de fin de semaine, mais l’actualité en tournées et concerts est dense en ce moment et il me faut « jouer serré » pour ne rien négliger… En outre, aujourd’hui, la rubrique devrait plutôt s’appeler « Blues in Suisse » car il est question du festival Blues Rules de Crissier, au bord du lac Léman près de Lausanne, mais vous m’accorderez que c’est presque la France… Cette édition 2019, la dixième de ce festival fondé en 2010, se déroulera les 24 et 25 mai prochains. Rappelons que Blues Rules s’est en quelque sorte spécialisé dans la programmation d’artistes du Mississippi, des représentants du Delta Blues, du blues de Bentonia, et peut-être plus encore du Hill Country Blues, auxquels il faut ajouter des formations locales.

Il s’agit donc d’une programmation originale avec des bluesmen peu présents dans d’autres festivals, les exclusivités suisses et même européennes n’étant pas rares. Ce festival est intéressant de ce point de vue, et il permet de découvrir des acteurs et des héritiers qui démontrent que le blues traditionnel est vivant et qu’il faut préserver ce patrimoine. Je vous donne maintenant les principaux noms pour 2019 : nous aurons vendredi 24 mai Kent Burnside, Johnie B. & Queen Iretta Sanders Blues Band Revue, Todd Albright et Delgres, puis samedi 25 mai David Evans, les Como Mamas, Kenny Brown et Cedric Burnside. Pour illustrer cela dans mon émission, j’ai choisi le chanteur et guitariste Kenny Brown et le batteur Cedric Burnside, qui furent deux piliers du groupe de R.L. Burnside à la fin de sa carrière. Cedric est d’ailleurs le petit-fils de R.L., qui présentait Kenny Brown comme son fils… adoptif ! Ça date de 2002 lors du festival Amal Blues, c’est donc du live, ça déménage et ça s’appelle Shake ‘Em On Down