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Au programme de mon émission sur YouTube, Louisiana Red (rubrique « Un blues, un jour »), et Marcus « Mookie » Cartwright (rubrique « Sur scène »).

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© : Scrib D

Nous allons parler aujourd’hui du premier Freedom Ride, ou voyage vers la liberté, qui s’est déroulé le 4 mai 1961. Parmi d’autres actions pacifiques, les défenseurs des droits civiques organisaient des marches, et les Freedom Riders, bien sûr pacifistes, furent créés pour faire appliquer les lois de la Cour suprême qui avait déclaré inconstitutionnelle la ségrégation dans les transports publics. Mais comme presque toujours, les États du Sud s’appuyaient sur les lois locales, et notamment les tristement célèbres lois Jim Crow, pour ne pas respecter les décisions officielles. Pour leur action spécifique dans les transports, les militants se déplaçaient donc en bus, et ce fut bien entendu le cas du premier Freedom Ride du 4 mai 1961, censé relier Washington à La Nouvelle-Orléans. Mais en traversant l’Alabama, les protagonistes furent violemment pris à partie par des ségrégationnistes renforcés par le Ku Klux Klan. Ils furent passés à tabac et un bus fut même incendié alors qu’ils se trouvaient encore à l’intérieur, des incidents qui firent de nombreux blessés.

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Passage à tabac des Freedom Riders en gare routière de Birmingham, Alabama, le 14 mai 1961. © : lhistgeobox

 

Cela n’arrêta pas les Freedom Riders qui organisèrent jusqu’à fin 1961 une quarantaine de Freedom Rides dont trente-deux dans le seul Mississippi. Au début, l’administration Kennedy ne fut pas tendre à l’égard des Freedom Riders, qu’elle assimilait un peu à des agitateurs. Mais le mouvement, dont il faut préciser qu’il comprenait d’ailleurs autant de Blancs que de Noirs, ne cessa de grandir et de gagner en popularité, sans compter l’opinion internationale qui commençait à condamner l’attitude du gouvernement américain, en premier lieu l’URSS alors en pleine guerre froide avec les États-Unis. Et au final, le mouvement des Freedom Riders joua un rôle essentiel en accélérant le processus de déségrégation dans tous les secteurs au cours des années 1960. Un bluesman très célèbre a écrit une chanson qui évoque ce thème, les droits civiques et la ségrégation, et qui dans son texte choisit le bus pour fuir vers le Nord. Il s’agit de Louisiana Red avec sa chanson de 1962, soit juste après les Freedom Rides, Ride On Red, Ride On, au programme de mon émission. Et il sait de quoi il parle car quand il avait 5 ans, son père a été lynché par le Ku Klux Klan…

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© : Napster

 

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© : Ay Mag

Pour la page « Sur scène », je vous invite à une nouvelle « virée » aux États-Unis pour un festival extrêmement important, le King Biscuit Blues Festival à Helena, Arkansas. Et si cela vous intéresse, il reste du temps car nous sommes à plus de cinq mois de l’échéance : la prochaine édition, qui est aussi la 34e de ce festival qui existe depuis 1986, aura lieu du 9 au 12 octobre 2019. Dans une région historique du blues, c’est un événement impressionnant, car en consultant le plateau, j’ai compté pas moins de 68 concerts. Mais comme souvent avec les festivals de cette ampleur, on dispose de plusieurs scènes, en l’occurrence sept, réparties dans un périmètre réduit du centre-ville : Bit-O-Blues Stage, Lockwood Stackhouse Stage, Gospel Stage, Cedell Davis Stage, Front Porch Stage, Will Call Stage et bien sûr une scène principale.

Bien, dans de telles circonstances, le mieux consiste à donner une liste des artistes et groupes les plus connus au programme, c’est donc parti : après une grande jam en hommage à Michael Burks le 9, nous aurons le 10 Cedric Burnside, Chris O’Leary, Zac Harmon, Billy Branch et Ruthie Foster, le 11 Big George Brock, Veronika Jackson, Anson Funderburgh, Fillmore Slim, Mary Lane, le révérend John Wilkins, Jimmy Burns et Delbert McClinton, et le 12 le trio Kenny Smith/Bob Margolin/Bob Stroger, Blind Boy Paxton, le duo Andy T/Alabama Mike, Linsey Alexander, Kirk Fletcher, Marquise Knox, Larry McCray, Mr. Sipp et Kenny Wayne Shepherd. Et ce n’est qu’indicatif et incomplet, par exemple je ne mentionne pas les groupes de gospel, qui sont nombreux…

Ce festival favorise aussi les découvertes, propose des artistes locaux, et surtout, Helena, qui est une petite ville avec 12 000 habitants, se met à l’heure du blues pendant toute la durée du festival. On est au contact des musiciens, il se passe toujours quelque chose, devant un bar, au coin d’une rue… On retrouve là des ambiances et des traditions propres à ces festivals du Sud… Pour mon émission, j’ai d’ailleurs choisi un artiste qui illustre cet état d’esprit avec une performance captée en 2015 au Juke Joint Festival de Clarksdale : il s’agit de Marcus « Mookie » Cartwright (accompagné par Adam Gussow à l’harmonica) avec une reprise de Big Boss Man. Je n’ai pas cité ce jeune chanteur et guitariste dans ma liste, mais il est bien programmé à Helena en octobre prochain…