Nouveauté semaine copie

Au programme de mon émission sur YouTube, Taj Mahal (rubrique « Un blues, un jour »), et Mavis Staples (rubrique « Nouveauté de la semaine»).

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Mise à l’eau du George Washington Carverle 7 mai 1943. © : E. F. Joseph / New York Public Library / Wikipedia

Nous allons parler aujourd’hui d’un Liberty Ship lancé il y a 76 ans, le 7 mai 1943. Pour mémoire, les Liberty Ships, ou bateaux de la liberté en français, étaient des cargos spécialement conçus pour soutenir et ravitailler les forces alliées durant la Seconde Guerre mondiale. Et les Américains n’ont pas lésiné car ils en ont construit 2 710 entre 1941 et 1945, pour ce qui s’apparenta véritablement à de la fabrication de bateaux en série, et même presque à la chaîne ! Au début, les chantiers navals fabriquaient un tel bateau (quand même long de 135 mètres) en sept ou huit mois, mais avec la demande croissante, ce délai s’abaissera parfois à six semaines ! Dix-sept de ces cargos furent baptisés en hommage à des Afro-Américains, ce qui est évidemment très peu sur l’ensemble, surtout quand on sait que de nombreux Noirs furent employés sur les chantiers… Le premier de ces dix-sept prit le nom de Booker T. Washington, le deuxième celui de George Washington Carver et le troisième celui d’Harriet Tubman, trois personnages que j’ai déjà évoqués lors d’émissions précédentes.

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Anna Bland, au travail en avril 1943 à la construction du George Washington Carver. © : E. F. Joseph / Library of Congress / Wikipedia

Il est aujourd’hui question du deuxième, qui s’appelle donc le George Washington Carver, parrainé par l’actrice Lena Horne et lancé le 7 mai 1943, et qui a servi de navire-hôpital durant la guerre, notamment en Angleterre puis aux Philippines. Ensuite, il a été navire de réserve avant de partir au démantèlement en 1964. Il ne reste aujourd’hui que quatre Liberty Ships, dont deux sont aménagés en musée. Les bluesmen n’évoquent pas si souvent les bateaux, sinon ceux sur le Mississippi, ou lors d’événements exceptionnels comme le naufrage du Titanic dont nous avons également déjà parlé ici. Mais il existe un blues très célèbre écrit justement en pleine Seconde Guerre mondiale, en 1941, par Robert Petway : c’est Catfish Blues, qui dit notamment en gros que le personnage de la chanson rêve d’être un poisson-chat capable de nager dans la mer bleue et profonde pour attirer les filles. C’est un morceau très connu, et j’ai choisi pour mon émission une version plutôt originale de Taj Mahal, tirée d’un album de 2005 enregistré avec des musiciens africains, « Mkutano Meets the Culture Musical Club of Zanzibar » (Tradition & Moderne).

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© : Discogs

 

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© : Discogs

L’heure est donc venue pour la nouveauté de la semaine. Cela faisait justement quelques semaines que j’essayais de trouver une date pour évoquer Mavis Staples et son album « Live in London », sorti chez ANTI- en février 2019 (et non fin 2018 comme je l’annonce par erreur dans mon émission, avec mes excuses). Mais l’actualité fut particulièrement riche en nouveautés de qualité ces dernières semaines… Mais venons maintenant au live de Mavis Staples, enregistré à la Union Chapel de Londres, à la fois église toujours en activité et salle de spectacles. Les concerts ont eu lieu les 9 et 10 juillet 2018, cette dernière date étant aussi le jour des 79 ans de la chanteuse. Une Mavis Staples qui ne fait pas du tout son âge, et qui a toujours cette voix étonnante, gutturale, puissante et pleine de ferveur.

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Elle semble en outre beaucoup s’amuser au sein d’une formation réduite à sa plus simple expression : un guitariste, l’excellent Rick Holmstrom, et une section rythmique, auxquels il faut ajouter des choristes, mais ni claviers ni cuivres. Le registre est assez varié, comme souvent chez Mavis sur scène, avec quelques titres gospel, de la soul mais aussi des choses qui se rapprochent franchement du blues. Il faut enfin souligner la superbe qualité sonore, qui ressort d’autant plus sur les vidéos YouTube, qui sont déjà assez nombreuses bien que le CD soit récent. Mais ANTI- a sans doute compris qu’il fallait profiter d’un tel outil de promotion plutôt que de nous empêcher d’avoir accès à la production de ses artistes. Il faut s’en féliciter… Je vous propose justement dans mon émission une de ces vidéos pour illustrer cela, un morceau à l’ambiance plutôt bluesy qui s’appelle Love and Trust.

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