Blues in France copie

Au programme de mon émission sur YouTube, Charlie Sayles (rubrique « Un blues, un jour »), et le projet « John Lee Hooker Birthday Tribute » (rubrique « Blues in France »).

Nous allons évoquer un événement survenu le 22 mai 1863, pendant la Guerre de Sécession, la fondation du Bureau of Colored Troops, soit en français le bureau des troupes de couleur. Il y avait déjà eu des Afro-Américains volontaires pour prendre part à cette guerre, mais ce n’était pas structuré, et le président Lincoln n’autorisa pas officiellement leur intégration dans l’armée, et surtout leur participation directe aux combats, avant la Proclamation d’émancipation le 1erjanvier 1863. Un fois le bureau créé, des régiments furent constitués mais les droits des Noirs n’étaient pas les mêmes que les Blancs. Ils avaient peu accès aux postes de commandement ou d’officiers, et comme on ne les laissait toujours pas vraiment aller au front, il devait le plus souvent se contenter des tâches subalternes dans les garnisons. Et dès lors, il fut décidé que leur solde serait également inférieure à celle des Blancs…

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© : Wikipedia

C’était évidemment bien trop tôt à l’époque de la Guerre de Sécession, mais l’armée et les conflits inspireront souvent les bluesmen, d’autant qu’ils y ont parfois directement participé, comme Elmore James qui fut impliqué dans la reprise de l’île de Guam durant la Seconde Guerre mondiale, ou au Vietnam Watermelon Slim ou le génial harmoniciste Charlie Sayles… Certains estimaient qu’ils n’avaient rien à faire à l’armée, comme Howlin’ Wolf et Junior Wells. D’autres encore nous laissent des textes magnifiques, comme J.B. Lenoir et ses prises de position sur les guerres de Corée et du Vietnam. Mais revenons à Charlie Sayles, génie méconnu de l’harmonica auteur de trois albums pas simples à dénicher. Son approche instrumentale est unique, audacieuse et très personnelle, presque déroutante, comme s’il voulait parfois flirter avec le free jazz… J’ai retenu dans mon émission un extrait de son premier album de 1976, un morceau qui s’appelle simplement Vietnam et qui raconte donc son expérience durant cette guerre. C’est à la fois somptueux instrumentalement et effrayant en termes de textes. Un des trucs les plus bouleversants depuis les débuts de mon émission…

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© : Baby Dawg

 

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© : Ti and Bo – Turning Images and Blues Organisation / YouTube

Pour la page « Blues in France », je m’arrête aujourd’hui sur un collectif de musiciens français réunis pour un projet appelé « John Lee Hooker Birthday Tribute ». Tout a commencé en octobre 2017 avec un grand concert pour commémorer le centenaire de la naissance de John Lee Hooker en 1917. Même si on sait désormais que Hooker est sans doute plutôt né 5 ans plus tôt, en 1912… Mais au moment du lancement du projet et du concert, c’était moins bien établi. Les musiciens français participants sont tous émérites : nous avons en effet les guitaristes Stan Noubard Pacha, Manu Slide, Pascale Pinède et Cisco Herzhaft, l’harmoniciste Vincent Bucher, le bassiste Fred Jouglas et le batteur Pascal Delmas. La formation est complétée de deux artistes américains, le pianiste Steve « Big Man » Clayton et le chanteur Archie Lee Hooker, qui n’est autre qu’un neveu de John Lee Hooker.

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© : Ville de Romorantin-Lanthenay / YouTube

Il a ensuite été décidé de sortir un DVD du concert, en collaboration cette fois encore avec des acteurs français, la Maison du Blues à la production, et Ti and Bo –  Turning Images and Blues Organisation, qui s’est évidemment chargé de filmer l’événement. Grâce aux efforts de tous ces intervenants, le DVD « John Lee Hooker Birthday Tribute » est donc sorti l’automne dernier, raison pour laquelle j’en parle ici. Le groupe reprend les principaux standards ou des morceaux popularisés par le grand bluesman. C’est très bien filmé, la qualité sonore est impeccable et les musiciens ne déçoivent pas. Pour illustrer cela, j’ai choisi la bande-annonce, ce que je n’aime pourtant pas faire. Mais celle-ci est très bien faite et d’une durée suffisante, ce n’est pas une succession de plans trop rapides mais un vrai clip qui donne vraiment envie d’acquérir le DVD…

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© : Pyramide – Centre Culturel / Facebook