Il vient de fêter ses quatre-vingt-six ans (il est né à Chicago le 16 septembre 1935) mais ne semble pas décidé à prendre sa retraite. Billy Boy Arnold fait partie des maîtres de l’harmonica blues depuis près de soixante ans car il a enregistré ses premiers singles en… 1953 ! On se réjouira donc d’apprendre qu’il vient d’écrire avec Kim Field son autobiographie, The Blues Dream of Billy Boy Arnold, à paraître le 4 novembre 2021. Son histoire nous ramène donc aux années 1940, quand, encore adolescent, il fourbit ses premières armes à l’harmonica (il jouera également de la guitare) auprès de John Lee « Sonny Boy » Williamson. Et il apprend visiblement très vite, car dès avril 1953, alors qu’il n’a que dix-sept ans, il grave au sein de l’orchestre de Bob Carter deux titres pour le label Cool. L’écoute de ces deux chansons révèle une voix encore juvénile mais un jeu d’harmonica déjà bien affirmé.

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Dès lors, seulement deux ans plus tard, il entre dans le groupe de Bo Diddley, avec lequel il signe plusieurs morceaux qui deviendront des classiques intemporels : I’m a manYou don’t love meShe’s fine she’s mine… Parallèlement, toujours en 1955, Arnold grave sous son nom (en fait, sous celui de Billy Boy, le « Arnold » n’apparaîtra qu’en 1964) deux autres grands standards, I wish you would et I ain’t got you). Il n’a que vingt ans, mais Arnold imprime déjà sa marque personnelle dans un Chicago Blues pourtant concurrentiel et qui vit son âge d’or : voix suggestive toujours bien placée, jeu d’harmonica ni spectaculaire ni démonstratif mais vivant, efficace, racé et enlevé. Malgré des tournées dans les années 1970, sa carrière s’essouffle durant la décennie suivante. Mais à partir du début des années 1990, il revient pour enregistrer une belle série d’albums brillants, jusqu’à son dernier à ce jour, « The Blues Soul Of Billy Boy Arnold » (Stony Plain, 2014). Une discographie exemplaire, et la lecture de l’autobiographie de cet acteur essentiel du blues moderne promet d’être passionnante.

The Blues Dream of Billy Boy Arnold, University of Chicago Press, 288 pages, 30 dollars.

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Allez, pour conclure, je ne résiste pas à vous mettre son morceau le plus connu, I wish you would, d’autant qu’il bénéficie d’un accompagnement de rêve : Billy Flynn à la guitare, Johnny Iguana aux claviers, Felton Crews à la basse et le génial Kenny « Beedy Eyes » Smith aux fûts. Quant à Billy Boy, au moment de l’enregistrement (2012), il allait doucement sur ses soixante-dix-sept ans…