© : karibbeancars.

Depuis début décembre, je rediffuse sur ce site les dix épisodes de la série réalisée par Miguel Octave, « La fabuleuse histoire de la musique guadeloupéenne », une production Zycopolis avec France Télévisions. Après une interruption durant les fêtes, je devais combler mon retard, ce qui est désormais fait (je reviendrai sur les épisodes 7, 8, 9 et 10 comme avant, le samedi)… Voici maintenant le sixième épisode, intitulé « La musique et la danse, un duo indissociable ? » Vu le thème, il fallait s’attendre à ce que les interventions soient particulièrement intéressantes. Eh bien nous sommes servis ! Car du point de vue du propos, ce volet est sans doute le plus dense, le plus riche jusque-là. Après une brève introduction qui explique que gwo ka, quadrille, biguine et zouk sont à la fois des musiques et des danses, une sorte d’échange s’installe. Je vous en propose simplement des extraits, mais en profiterez bien mieux en regardant l’épisode !

Éric Nabajoth. France TV Pro.

La jeune artiste Florence Naprix ne « pense pas que la musique et la danse soient si indissociables que ça en Guadeloupe ». Elle ajoutera toutefois plus loin que « danser est aussi une façon de rendre hommage à cette musique, mais que l’on peut le faire de façon plus posée ». De même pour Cécilia Larney, journaliste et auteure, pour qui « tout Guadeloupéen ne doit pas savoir danser… mais moi, oui ! » Côté musiciens, la notion du duo indissociable entre musique et danse semble faire l’unanimité. « Ces musiques donnent envie de bouger » (Jean-Philippe Fanfant), « le corps est toujours en mouvement quand il y a du son » (Max Labor), « ma fille de vingt mois bouge sa tête d’arrière en avant dès qu’elle entend de la musique, les enfants ont tous cette horloge » (Thierry Fanfant), « l’essence de cette musique c’est le rythme » (Éric Nabajoth)…

L’association de quadrille Adékwat. © : France-Antilles.

En deuxième partie, un extrait d’archives du Monde de la musique démontre la corrélation entre gwo ka et danse. Max Séverin n’hésite pas à remonter jusqu’au « temps de l’esclavage, quand le maître jouait et les esclaves dansaient ». Rony Théophile reste dans l’histoire et considère « les danses ancestrales venues d’Afrique, leur signification, la danse pour louer et invoquer, pour la pluie, pour que le soleil revienne… », puis que « la calinda a été interdite par le père Labat car elle était trop suggestive, mais les danseurs allaient dans les champs de canne ! » Plus près de nous, Rudy Benjamin s’arrête sur le côté commercial qui caractérise actuellement l’industrie musicale (« pour marcher dans le monde, une musique doit être forcément associée à une danse »), mais Jean-Michel Rotin estime que « la danse donne une valeur ajoutée à sa musique ». Le quadrille, représenté par l’association Adékwat, parfaite illustration de l’interaction entre musique et danse, est toujours bien vivace, contrairement au bal populaire où les gens venaient pour danser sur toutes sortes de musiques. Mais l’arrivée de groupes comme Kassav’, et donc de la musique de concert, sonna un peu le glas de ces bals. À voir à cette adresse.