© : La Poste / Guadeloupe La 1ère.

Le 10 mai approche. Une date clé en Outre-mer et en Guadeloupe, qui marque la Journée nationale des mémoires de la traite et de l’esclavage et de leurs abolitions, instaurée en 2001 par Jacques Chirac sur une initiative de Christiane Taubira. J’aurai l’occasion d’y revenir à ce moment-là, mais les événements risquant alors de se bousculer, voici déjà une information à considérer. Elle se rapporte à Solitude, souvent appelée « La Mulâtresse Solitude », née Rosalie vers 1772 à Capesterre-Belle-Eau. Cette métisse, fille d’une déportée africaine et d’un marin blanc qui la viola sur le bateau négrier qui la transportait aux Antilles, luttera ensuite contre le rétablissement de l’esclavage aux côtés de Louis Delgrès (1766-1802). Le 28 mai 1802, elle fait partie des rares survivants suite au siège de l’armée napoléonienne sur le site de Matouba, à Saint-Claude. Solitude est condamnée à mort, mais comme elle est enceinte, les colons préfèrent attendre qu’elle accouche afin de vendre son enfant comme esclave. Le 28 novembre, elle accouche, et le lendemain, elle est exécutée.

Statue de Solitude du sculpteur Jacky Poulier, aux Abymes en Guadeloupe. © : Actu.fr.

Cette histoire sordide n’est hélas qu’un exemple parmi les atrocités dont étaient capables les esclavagistes. La biographie de Solitude est malheureusement mal renseignée, sinon dans le roman d’André Schwarz-Bart (La Mulâtresse Solitude, éditions du Seuil, 1972), qui nous éclaire partiellement sur cet aspect. Le 26 septembre 2020, un jardin au nom de Solitude était inauguré dans le 17e arrondissement de Paris, et l’érection d’une statue (ce serait la première d’une femme noire dans la capitale) également annoncée, mais on l’attend toujours. De son côté, La Poste a pris les devants et va émettre un timbre à l’effigie de Solitude, qui sera disponible en avant-première en Guadeloupe les 13 et 14 mai 2022, puis la vente s’étendra à l’Hexagone à compter du 16 mai (lire cet article de Guadeloupe La 1ère). L’illustration, qui représente Solitude enceinte avec une chaîne brisée, est l’œuvre de Geneviève Marot. Dès le 24 mars, le timbre avait été dévoilé le 24 mars à l’hôtel de la Marine à Paris, en présence de la veuve d’André Schwarz-Bart (Simone) et de leur fils Jacques, excellent saxophoniste de jazz qui a d’ailleurs joué pour l’occasion. Je vous propose d’ailleurs de l’écouter en 2019 lors du festival Terre de Blues à Marie-Galante, durant lequel la chanteuse Malika Tirolien (petite-fille du célèbre poète marie-galantais) l’accompagnait au chant. Au-delà du symbole, de telles initiatives importent, elles sont là pour que Solitude ne se sente jamais seule.