Floyd McDaniel et Leonard « Baby Doo » Caston (à droite), Chicago Blues Festival, 1986. © : Jim O’Neal.

Pianiste, guitariste et chanteur, Caston est surtout connu comme membre avec Willie Dixon du Big Three Trio, auteur alors d’un « swing blues » irrésistible, mais son rôle dans le blues de Chicago va bien au-delà. Né le 2 juin 1917 à Sumrall, petite ville du sud du Mississippi proche d’Hattiesburg, il grandit toutefois à Meadville non loin de Natchez. Il apprend la musique sur le piano de sa mère, et dès 1934, il part une première fois à Chicago, une expérience qui ne dure pas. De retour dans la région de Natchez, il se met également à la guitare et au chant. Il tente à nouveau de percer à Chicago en 1938, cette fois avec succès, d’autant qu’il est remarqué par le producteur du label Decca Mayo Williams, qui lui fait enregistrer un test avec Gene Gilmore et un certain Arthur Dixon. Ce dernier n’est autre que le frère de Willie Dixon, qui se consacre alors essentiellement à la boxe.

Le big Three Trio, avec Ollie Crawford, Leonard « Baby Doo » Caston et Willie Dixon. © : Sentir El Blues.

À partir de 1939, Caston aurait convaincu Dixon qu’il avait mieux à faire dans la musique que sur un ring, et les deux hommes fondent les Five Breezes, un groupe influencé par les Ink Spots. Les cinq artistes obtiennent de nombreux engagements et font partie des premiers à se produire pour les troupes durant la Seconde Guerre mondiale. En 1940, Caston en profite pour graver un premier single sous son nom chez Decca, avec Robert Nighthawk à l’harmonica ! L’année suivante, les Five Breezes se séparent et Caston forme le Rhythm Rascals Trio avec le guitariste Ollie Crawford et le bassiste Alfred Elkins. Caston joue alors un rôle de pionnier en participant à des tournées en dehors de son pays et en jouant pour des officiers supérieurs du conflit mondial : Dwight Eisenhower, futur président des États-Unis, le général Montgomery, commandant britannique des forces alliées lors du débarquement en juin 1944, et Gueorgui Joukov, chef de l’État-major général de l’armée soviétique (nommé par Staline en 1941).

3 © : Discogs.

Au lendemain de la guerre, Caston enregistre sous son nom (au sein du Jump Jackson Orchestra) mais aussi avec Roosevelt Sykes et Walter Davis. Il retrouve dès 1946 Willie Dixon, actif dans les Four Jump of Jive, qui deviennent rapidement The Big Three Trio, constitué de Caston au piano, Willie Dixon à la basse et Bernardo Dennis à la guitare, rapidement remplacé par Ollie Crawford, les trois hommes se partageant le chant pour des harmonies vocales qui caractériseront la formation. Au début, et cela pourrait surprendre, Caston est le leader et surtout le principal compositeur du trio… Mais Dixon s’impose progressivement dans ce rôle, et il sera comme nous le savons engagé par le label Chess dont il deviendra une figure essentielle. Le Big Three Trio signe ses dernières faces en 1952, et le groupe se séparera officiellement quatre ans plus tard. Caston restera un artiste de studio très demandé (musicien, compositeur, producteur) durant de longues années, retrouvant même Willie Dixon en 1984. Deux ans plus tard, il réalise un album sous son nom pour TMR, « Baby Doo’s House Party », peu avant de nous quitter le 22 août 1987 à l’âge de soixante-dix ans. Je vous propose de l’écouter sur son premier morceau qui date du 4 juin 1940, The death of Walter Barnes, avec donc Robert Nighthawk à l’harmonica…