© : RCI.

Cela fait aujourd’hui trente-trois ans, le 29 août 1989 (bien que certaines sources citent également le 28) que Robert Loyson a quitté ce monde. La biographie de cet artiste important et avant-gardiste (chanteur et joueur de gwoka), qui reste très populaire dans la mémoire des Guadeloupéens, est hélas mal renseignée. Il voit le jour au Moule le 28 juillet 1928 et fait partie d’une fratrie de neuf enfants qui grandissent dans un milieu agricole où les exigences du travail ne favorisent pas une scolarité suivie. L’élevage et l’agriculture, en premier lieu celle de la canne, constituent vite le quotidien du jeune Robert, qui dès l’âge de douze ans exerce divers « petits boulots ». Ainsi, il garde les bêtes, récolte la canne, mais il apprend aussi les métiers de charron et de charpentier.

© : Guadeloupe La 1ère.

Mais Robert Loyson aime également chanter, et vers ses dix-huit ans, il officie lors de veillées mortuaires (misik à vié nèg), faisant preuve d’un talent remarqué par ses parents et leur entourage. Il s’initie progressivement au gwoka, un instrument sur lequel il révèle également de belles aptitudes, même s’il sort peu de sa région natale. À partir des années 1950, et surtout lors de la décennie suivante, le gwoka gagne beaucoup en popularité, avec l’émergence d’un maître tambouyé (joueur de tambour) comme Marcel Lollia dit « Vélo » (1931-1984), puis de Guy Konkèt ou Conquette (1950-2012). Ce dernier, bien qu’il soit beaucoup plus jeune que Loyson, jouit toutefois déjà d’une certaine réputation à la fin des années 1950. Et justement, en 1968, Loyson parvient à enregistrer ses premiers singles, deux ans avant Konkèt.

© : L’Harmattan.

Quelques autres disques suivront, ainsi qu’un album en 1987, « La Guadeloupe Trenglé », avec une tournée en France métropolitaine la même année. Robert Loyson s’est donc éteint le 29 août 1989 des suites d’une longue maladie, à l’âge de soixante et un ans. Avec Konkèt, Loyson fait partie des pionniers du gwoka qui l’ont en quelque sorte tiré des campagnes pour l’exposer à un public plus large dans les villes, avec surtout des textes engagés à caractère politique. À ce propos, je vous recommande vivement la lecture du livre de Marie-Héléna Laumuno, Gwoka et politique en Guadeloupe 1960-2003 : 40 ans de construction du « pays » (L’Harmattan, 2011), qui étudie les œuvres de Loyson et Konkèt. Leur rôle est d’autant plus important qu’ils ont pu immortaliser leur art sur disque, dont nous profitons encore aujourd’hui pour transmettre leurs traditions musicales et entretenir leur mémoire. Faute de plus d’éléments biographiques sur Robert Loyson, je vous propose l’écoute de trois chansons qui me semblent bien illustrer son parcours.

Le mémorial consacré à Robert Loyson à l’Espace pédagogique du Moule. © : Région académique de Guadeloupe.

Chatte tété rat. Sur cette chanson, sur laquelle Loyson ne fait que chanter, il est accompagné de Vélo au tambour soliste et d’Anthème Boisbant au tambour rythmique.
Quand sirène la sonné. Une chanson en hommage au maire de Morne-à-l’Eau récemment décédé.
La Guadeloupe trenglé. Chanson extraite d’une compilation mise sur pied par le Cercle culturel ansois, qui a contribué au lancement de la carrière de Loyson.