© : One Man’s World.

Même s’il a essentiellement fait carrière dans le jazz, ce pionnier de la guitare électrique d’une grande précocité a appris l’instrument avec des bluesmen et fait ses débuts discographiques avec certains d’entre eux. Né George Warren Barnes le 17 juillet 1921 à South Chicago Heights, Illinois, il s’initie d’abord au piano en 1926. Cinq ans plus tard, à cause de la Grande Dépression, ses parents doivent vendre le piano, mais son père, qui est guitariste, enseigne les rudiments à son fils. Toujours en 1931, son frère aîné sent que George qui progresse très vite est un surdoué, et il l’aide en lui bricolant un micro et un amplificateur. Ainsi, comme l’écrit James Sallis dans The Guitar Players: One Instrument and Its Masters in American Music (William Morrow & Co, 1982), à dix ans, George Barnes devient sans doute le premier musicien à jouer de la guitare électrique !

© : George Barnes, Guitar Legend / Facebook.

En 1933, il fait déjà partie de la fédération des musiciens de Chicago, fréquente le bluesman Lonnie Johnson qui influencera son phrasé, joue professionnellement à treize ans et tourne avec son groupe à partir de 1935… Engagé par NBC à seize ans, il est chef d’orchestre et arrangeur dans sa formation de jazz tout en côtoyant d’autres bluesmen, et le 1er mars 1938, sur un enregistrement de Big Bill Broonzy chez Vocalion (It’s a low down dirty shame), il devient le premier musicien à jouer de la guitare électrique sur un disque de blues. Il reviendra le 4 mai sur deux autres chansons de Big Bill, Sad pencil blues et Night time is the right time. Entretemps, le 14 mars 1938, il participe cette fois à six faces gravées par Jazz Gillum avec également Big Bill dans le groupe. Il importe sans doute de rappeler que Barnes est alors âgé de seize ans.

© : Jazz Lives.

Au total, Barnes est présent sur une centaine de blues dans les années 1930 avec des artistes comme Blind John Davis, Merline Johnson et Washboard Sam, mais il donne progressivement une autre orientation à son parcours. Très demandé comme guitariste de jazz, auteur de ses premiers enregistrements sous son nom en 1940, il travaillera aussi comme producteur. S’il exerce avant tout dans le jazz avec une bonne vingtaine d’albums entre 1946 et 1977, on l’entend aussi auprès d’artistes de R&B et de soul dont Ben E. King et les Drifters (trois albums au début des années 1960), Solomon Burke, les Coasters, Sam Cooke et Little Willie John. Le 1er novembre 1962, il se débrouille même pour être le premier musicien à jouer de la guitare électrique sur une chanson de Bob Dylan, Mixed-up confusion ! George Barnes décède le 5 septembre 1977 d’une crise cardiaque, à seulement cinquante-six ans.

George Barnes, Bucky Pizzarelli et Ruby Braff, 1970. © : Steve Luciano.

Passons maintenant à notre sélection de chansons en écoute.
It’s a low down dirty shame le 1er mars 1938 par Big Bill Broonzy avec George Barnes. Premier blues de l’histoire avec de la guitare électrique !
Boar hog blues le 14 mars 1938 par Jazz Gillum avec George Barnes.
It’s too late, now le 14 mars 1938 par Washboard Sam avec George Barnes.
Jelly bean blues le 7 avril 1938 par Merline Johnson avec George Barnes.
Alley woman blues le 19 mai 1938 par Blind John Davis avec George Barnes.
This magic moment le 2 avril 1960 par Ben E. King et les Drifters avec George Barnes.
Chain gang le 26 juillet 1960 par Sam Cooke avec George Barnes.
Mixed-up confusion le 1er novembre 1962 par Bob Dylan avec George Barnes.
If you need me le 15 mars 1963 par Solomon Burke avec George Barnes.

 

En 1973. © : George Barnes, Guitar Legend / Facebook.