© : RDWA.

En tant que résident marie-galantais depuis plus de cinq ans, il m’est déjà arrivé de m’arrêter ici sur les musiques de l’île, de l’archipel guadeloupéen et plus globalement des Antilles, en particulier depuis la complète restauration de ce site en avril 2022. Ce fut notamment le cas lors d’événements ponctuels comme des concerts en différents lieux et bien entendu des événements comme le festival Terre de Blues. J’en profite pour vous remercier de votre fidélité qui continue de se traduire par une audience en progression, et n’hésitez d’ailleurs pas à continuer de vous abonner, c’est gratuit, sans engagement et cela vous permet en plus de recevoir chaque semaine ma newsletter.

Récolte de la canne à sucre, Louisiane, entre 1880 et 1897. © : William Henry Jackson / Library of Congress.

Mais cela ne suffit pas. Non seulement les traditions musicales antillaises méritent le meilleur écho, mais je sais désormais qu’il existe également nombre de passerelles avec les musiques afro-américaines, qui partagent en outre les mêmes origines. Ce 25 août 2023, très proche de la rentrée, marque donc la création sur ce site d’une rubrique hebdomadaire sur les musiques guadeloupéennes. Elle s’inscrira dans l’esprit de ce site, et, pour reprendre les termes qui figurent en page d’accueil, en privilégiant « l’histoire, la culture et les traditions » de ces musiques populaires, mais sans négliger la scène locale « avec les concerts, les festivals, la presse, les sorties de disques, de livres, de films, etc. ». D’ailleurs, j’invite d’ores et déjà les professionnels (musiciens, promoteurs, tourneurs et agents, organisateurs et programmateurs d’événements, associations, éditeurs, auteurs, journalistes…) à me transmettre leurs informations pour alimenter cette rubrique. Je précise enfin qu’en fonction de l’actualité, je ne me limiterai pas un seul article par semaine…

Sonny Troupé. © : La Ferme du Buisson.

En attendant un premier article proprement dit la semaine prochaine, je vous propose quelques chansons en écoute qui démontrent combien il existe des points communs entre musiques antillaises et afro-américaines.
Martinique en 1960 par l’orchestre de Wilbur de Paris. Ce tromboniste et chef d’orchestre originaire de l’Indiana fut très influencé par le jazz de La Nouvelle-Orléans et travailla avec Louis Armstrong dès les années 1920. Ici, lors d’un concert au festival de Juan-les-Pins en 1960, il interprète un thème qui n’est autre qu’une biguine, dont on dit souvent non sans raison qu’elle influença le jazz…

Wilbur de Paris en 1966 à New York. © : Skyfish.

Évariste Siyèd’lon en 2000 par Kan’Nida. Magnifique groupe guadeloupéen, parfaite incarnation de la tradition du call-and-response (notre article du 1er janvier 2022), que l’on retrouve dans les musiques d’Afrique de l’Ouest comme dans les courants qui préfigurent le blues, tous basés sur les percussions et les harmonies vocales, seuls moyens de s’exprimer et de communiquer à l’époque de l’esclavage.

Kan’Nida. © : VINCEWLKR / France-Antilles.

Meet me at the river en 2014 par les Como Mamas. On les a vues en 2018 lors du festival Terre de Blues à Marie-Galante. Originaires de Como, petite bourgade perdue de 1 500 âmes dans le Mississippi, leur talent leur a permis de prêcher la parole du gospel (évangile, en français !) dans le monde entier. Le gospel n’est-il pas la musique qui rassemble, au-delà de toute frontière ? Dans cette chanson enregistrée dans leur église à Como, les vocalistes attestent de toute sa force évocatrice.

The Como Mamas. © : Music Maker.

On my way to Bamako en 2015 par Eric Bibb et Habib Koite. Eric Bibb est une figure majeure du blues depuis bientôt trente ans, tous comme le Malien Habib Koite dans son pays (il est toutefois né au Sénégal) et même toute l’Afrique de l’Ouest. Quand les deux artistes se retrouvent, ils relient les continents.

Habib Koite et Eric Bibb. © : Premier Guitar.

Pa Janvier en 2016 par Layla McCalla et Cedric Watson. Née à New York de parents haïtiens, Layla McCalla (qui chante souvent en créole) vit aujourd’hui à La Nouvelle-Orléans, en Louisiane. Elle accompagne ici Cedric Watson, natif du Texas, anglophone installé à Lafayette, également en Louisiane, mais qui préfère chanter en français ou en créole, toutefois très différent de celui des Antilles. « Oh, Pa Janvier, donne-moi Pauline / Tu vas me faire mourir si tu me la donnes pas / Parce que moi j’aime trop, j’aime trop Pauline / Oh, Pauline, ma chère tite Pauline, qui moi j’aime autant (…) »

Layla McCalla et Cedric Watson. © : Layla McCalla / Facebook.

Euphrasine’s blues (Nanm Kann) en 2018 par Jacob Desvarieux. Qui mieux que cet immense artiste pour « réconcilier », avec sa voix au grain unique et son jeu de guitare expressif et mordant, le blues, le zouk, le jazz, le créole, l’Afrique ? Ces sept minutes et vingt-huit secondes condensent à elles seules l’esprit de musiques pourtant multiséculaires. Incomparable, intemporel, inaltérable.

Jacob Desvarieux. © : France-Guyane.