Joueurs de gwo ka (tambouyés), Capesterre-de-Marie-Galante, 2 décembre 2023. © : Daniel Léon.

Comme chaque 27 mai à l’occasion de la seconde abolition de l’esclavage en Guadeloupe en 1848, je rédige un article à l’occasion de cet événement. Après vingt-sept chansons pour cette commémoration l’an dernier, je vous propose cette fois des documents filmés (documentaires et extraits de concerts), ainsi qu’une somptueuse anthologie de soixante-douze chansons. Concernant la Guadeloupe, je me suis appuyé cette année sur le gwo ka qui est évidemment son instrument emblématique. Je ne reviendrai pas aujourd’hui sur cet instrument inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO depuis 2014, qui puise ses origines dans les traditions musicales d’Afrique de l’Ouest que les esclaves transmettront en Guadeloupe, mais aussi dans toute la Caraïbe et sur tout le territoire des Amériques.

Sonny Troupé, Capesterre-de-Marie-Galante, 2 décembre 2023. © : Daniel Léon.

Voici maintenant ma sélection de cinq documentaires.
Musique mémoire de la Guadeloupe, tradition du gros ka (sic) par James Thor (1983, 25 minutes, production A2 – RFO, émission proposée par Sophie Richard). Avec Gérard Pommer, Carnot, Guy Konkèt, tous autour de Man Soso à Jabrun ! J’avais déjà mentionné ce documentaire dans un article en hommage à Man Soso le 22 octobre 2023, mais il est tellement exceptionnel et représentatif que je me dois de le remettre !
Les maîtres du tambour par Jean-Michel Corillion et Jacques Mathou (1998, 50 minutes). Sorti à l’occasion du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, il raconte une histoire complète de cette tradition depuis les origines, avec des témoignages et de nombreux extraits musicaux.
Grappe à kongos par Jacques Mathou (2002, 52 minutes). Comme son titre le suggère, ce documentaire se concentre davantage sur l’histoire et le parcours des esclaves congolais (Kongos) déportés en Guadeloupe.
Guy Konket – La résonnance d’un maître ka par Olivier Ladal et Cyril Bordy (2012, 57 minutes). Film réalisé peu après la disparition le 23 mai 2012 de Guy Konkèt, fils de Man Soso, et figure centrale et très influente parmi les maîtres tambouyés.
Ka palé ! – Que parole soit donnée au ka par Dan Occo sur une idée de Liliane Francil (2012, 53 minutes). Une évocation plus axée sur le gwo ka actuel.

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Côté chants d’esclaves aux États-Unis, j’ai choisi cinq documents qui abordent le sujet sous plusieurs angles.
The Georgia Sea Island Singers (1963, 15 minutes). Je me suis récemment arrêté dans un article du 28 avril 2024 sur cette formation de la Côte Ets des États-Unis dont le registre se compose de chants d’esclaves, de work songs, de spirituals, de gospel, de blues, de folklore.
Songs that bring history to life par Rhiannon Giddens (2016, 15 minutes, production TED). L’ancienne chanteuse des Carolina Chocolate Drops est profondément attachée à l’histoire de son peuple et s’inspire souvent de récits d’esclaves (ici la deuxième chanson, Come, love come) et de spirituals).
Slavery in America – Redemption Songs 1914-1972 – Musiques issues de l’esclavage aux Amériques par Various Artists (2014, Frémeaux & Associés). Remarquable anthologie de soixante-douze chansons (que j’avais chroniquée en 2015 pour Soul Bag) dont le livret est préfacé par Christiane Taubira. Chansons des traditions musicales d’Haïti, de Trinidad et Tobago, de Cuba, de Jamaïque et de Guadeloupe, mais aussi blues, spirituals, gospel, jazz, hymnes abolitionnistes et même extraits de discours du militant Marcus Garvey…
This is What Daily Life for an Enslaved Person in Virginia was Like (2021, 37 minutes) par Deep History. Raconte la vie des esclaves en Virginie (là où les premiers esclaves venus d’Afrique touchèrent le sol américain en 1619, mon article du 21 août 2019) entre 1808 et 1865, date de l’abolition.
Songs of Slavery and Emancipation (2022, 50 minutes) par Art in History and Politics, Mat Callahan, Yvonne Moore et Joe Johnson. Une étude sur des chants d’esclaves également sortie en livre et CD.

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