Toujours très attendue, la remise des prix de l’Académie du jazz dont c’était la 70e édition (!), et qui porte sur les artistes et réalisations pour l’année 2023, s’est tenue hier 4 mars 2024. Compte tenu de l’objet de ce site, je me dois évidemment de commencer par le prix « Blues, Soul & Gospel », dont le lauréat est Billy Valentine pour son album « Billy Valentine & The Universal Truth » (Flying Dutchman-Acid Jazz). Un disque remarquable du chanteur âgé de soixante-dix-huit ans, dont la souplesse vocale quasi intacte malgré son âge lui permet d’explorer les différents styles de la Great Black Music (soul, jazz, blues, R&B), en revitalisant des chansons de Curtis Mayfield, Gil Scott-Heron, Stevie Wonder, Pharoah Sanders ou autre Prince ! Les deux autres nommés étaient D.K. Harrell (mon article du 12 août 2023), incontestable révélation du blues en 2023, et Gabriels, une formation soul basée à Los Angeles.
Parmi les autres élus, je m’arrête volontiers sur le vainqueur du prix « Django Reinhardt » (musicien de l’année) car il est né en Martinique. Il s’agit de Grégory Privat, déjà récompensé en décembre dernier par les revues Jazz Magazine et Jazz News dans le cadre de leur « Best of Jazz 2023-2024 » (il faisait partie des trois meilleurs pianistes avec deux autres Antillais, le Guadeloupéen Alain Jean-Marie et le Martiniquais Mario Canonge), comme je le relate dans mon article du 21 décembre 2023. Des honneurs mérités pour ce jeune pianiste-compositeur, fils de José Privat du groupe Malavoi, qui démontre combien la tradition du jazz antillais reste vivace. Les autres finalistes de la catégorie étaient le claviériste Laurent Coulondre et le batteur Arnaud Dolmen, originaire de… Guadeloupe !
Impossible de ne pas avoir une pensée particulière pour l’immense saxophoniste Wayne Shorter, qui nous a quittés il y a un an presque jour pour jour, le 2 mars 2023 à l’âge de quatre-vingt-dix ans, après une longue carrière débutée en 1959 au sein des Jazz Messengers d’Art Blakey. Hier, l’Académie du jazz lui a décerné à titre posthume son prix du « Patrimoine », pour le film Zero Gravity (Amazon Studios, en fait une minisérie en trois épisodes, produite par Brad Pitt !) que lui a consacré la réalisatrice Dorsay Alavi. Le grand prix du meilleur disque de l’année revient à Pierrick Pédron et Gonzalo Rubalcaba (« Pédron Rubalcaba » chez Gazebo), le prix du disque français à Laurent Cugny (« Zeitgeist » chez Frémeaux & Associés), le prix Évidence (révélation française de l’année) au Mark Priore Trio (« La Litanie des Cimes » chez Jazz Eleven) et le prix du musicien européen au Suisse Andreas Schaerer.
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