Au programme de mon émission sur YouTube, Howlin’ Wolf (rubrique « Un blues, un jour »), et Reese Wynans (rubrique « Top of blues »).
Retour dans Les temps du blues d’un monstre sacré en la personne d’Howlin’ Wolf, né le 10 juin 1910 à White Station près de West Point, Mississippi. À mon sens et sans hésiter une des cinq grandes voix du blues, et peut-être mon favori dans ce domaine vocal. Mais il était loin d’être ridicule à l’harmonica et à la guitare slide, des instruments qu’il utilisait dans la plus pure tradition sudiste. Et même s’il fut un des tout meilleurs bluesmen de l’âge d’or de Chicago dans les années 1950, il fit aussi partie de ceux qui incarnèrent au mieux le passage entre blues rural et blues moderne. De son vrai nom Chester Arthur Burnett, ses parents se séparent alors qu’il a seulement 1 an. Il grandit chez sa mère qui s’en débarrasse car il refuse de travailler dans les champs, puis chez un oncle qui le maltraite, pour finir à 13 ans non loin de Ruleville dans le Delta, chez son père auprès duquel il trouve enfin un peu de sérénité.
En 1928, peu après que son père lui ait acheté sa première guitare, il côtoie Charlie Patton qui consent à lui donner des leçons, et dont il s’inspirera aussi pour son jeu de scène. Vers 1933, il apprend l’harmonica avec Sonny Boy Williamson II qui fréquente sa belle-sœur. Il part ensuite à l’armée et ne s’y fait pas vraiment, il est d’ailleurs renvoyé à la vie civile suite à une dépression nerveuse… De retour dans le Delta, il se produit de plus en plus avant de s’installer en 1948 à West Memphis en Arkansas. Il recrute alors des musiciens pour former un groupe impressionnant, qui comprendra notamment l’harmoniciste Junior Parker et les guitaristes Matt « Guitar » Murphy et Willie Johnson, tout en apparaissant sur les radios KWEM à West Memphis et KFFA à Helena. Une activité qui lui vaut d’être remarqué par Sam Phillips, qui lui permet d’enregistrer ses premières faces en 1951, suivies d’autres pour la marque RPM des frères Bihari. Mais Phillips comme les Bihari dépendent aussi de Chess (en termes de diffusion, de distribution…) dont les moyens sont supérieurs, et ils vont faire d’Howlin’ Wolf un de leurs artistes phares et l’un des plus importants bluesmen de l’histoire.
Howlin’ Wolf ne transigera d’ailleurs pas, et pour bénéficier des meilleures conditions possibles, il s’installera rapidement à Chicago, réalisant quasiment tous ses disques pour Chess jusqu’à la fin de sa vie. L’importance de son œuvre est considérable et son influence continue de s’exercer, mais Howlin’ Wolf prenait en plus très au sérieux sa musique. Il détestait que ses musiciens se laissent aller, qu’ils boivent trop, ne transigeait pas avec tout ce qui pouvait nuire à la qualité de ses prestations. Et comme il dépassait à peu près tout le monde d’une tête et de quelques dizaines de kilos, il était rarement contredit… Mais cette rigueur ne l’empêchait pas d’être fidèle. Sa personnalité se caractérisait enfin par un charisme qui agissait immédiatement. Il est extrêmement difficile de s’y retrouver dans la discographie du bluesman, qui a fait l’objet de quelque 200 compilations sous son nom, mais curieusement la plus récente date déjà de 2011 (mais elle couvre sa meilleure période) : « Smokestack Lightning: The Complete Chess Masters 1951-1960 » (Hip-O Select). Il n’y a évidemment rien à jeter dans son œuvre qui regorge de standards intemporels. Howlin’ Wolf est mort le 10 janvier 1976 à 65 ans. J’ai choisi pour mon émission son classique de 1960 (avec Otis Spann, Freddy Robinson, Willie Dixon et Fred Below), Back Door Man.
Pour ce « Top of Blues », arrêtons-nous comme chaque mois sur les deux classements mensuels du CRB, le Collectif des radios blues qui compte une cinquantaine de stations francophones. Il y a d’abord l’Airplay, avec les albums les plus diffusés dans ses émissions. Pour mai 2019, le podium se compose du B.B King Blues Band pour « The Soul of the King » (Ruf), Big Daddy Wilson pour « Deep in My Soul » (Ruf) et Cisco Herzhaft pour « Son of a Watchmaker » (autoproduit). Quant au Powerblues de juin, qui porte sur les albums préférés des animateurs, on retrouve cette fois à la première place Reese Wynans and Friends pour « Sweet Release » (Provogue), puis Bob Corritore & Friends pour « Do the Hip-Shake Baby! »(SWMAF) et le duo Benny Turner/Cash McCall pour « Going Back Home » (Nola Blue). Avant toute chose, une pensée particulière pour Cash McCall, qui vient de nous quitter : je l’avais évoqué dans deux émissions en janvier et en mars, notamment pour évoquer son album avec Benny Turner, en souhaitant qu’il se remette au mieux. Hélas, la maladie a été plus forte…
Pour revenir aux classements, contrairement au mois dernier où j’avais déjà eu l’occasion d’évoquer lors d’émissions précédentes les artistes occupant les premières places, nous avons cette fois l’embarras du choix. J’ai donc choisi Reese Wynans pour son album Reese Wynans and Friends, « Sweet Release », chez Provogue. À 71 ans, ce pianiste et organiste a beaucoup d’expérience. Il a débuté à la fin des années 1960 avec de futurs fondateurs de l’Allman Brothers Band, mais on le connaît sans doute pour sa longue collaboration avec Stevie Ray Vaughan. Sur le morceau que j’ai choisi pour mon émission, on retrouve aussi les deux membres de la rythmique du groupe de Stevie, Tommy Shannon à la basse et Chris Layton à la batterie. Ils sont rejoints à la guitare par Kenny Wayne Shepherd et au chant par Sam Moore, du duo Sam and Dave, très en forme à 83 ans. Ça s’appelle Crossfire.
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