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Au programme de mon émission sur YouTube, Bumble Bee Slim (rubrique « Un blues, un jour »), et Katherine Davis (rubrique « Sur scène »).

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© : YouTube

Le jour est venu d’évoquer le chanteur et guitariste Bumble Bee Slim, parti le 8 juin 1968 à l’âge de 63 ans. Il fut un acteur essentiel de ce fameux courant du blues urbain de Chicago dans les années 1930, en particulier pour ses talents de compositeur. De son vrai nom Amos Easton, il est né le 7 mai 1905 à Brunswick en Géorgie. Il perd son père à l’âge de 4 ans, que sa mère remplace par un deuxième mari alcoolique et violent, et du coup, il fugue très jeune et se trouve très vite livré à lui-même. Vers 9 ou 10 ans, il chante dans les rues, apprend la guitare slide et tourne avec une troupe itinérante vers 1920. En 1928, il vit un temps à Indianapolis et se produit avec le cirque des frères Ringling (de leur vrai nom Rüngling), dont le père était allemand et la mère alsacienne, donc française… À Indianapolis, Leroy Carr et Scrapper Blackwell semblent déjà l’influencer.

Un double héritage à la fois rural et urbain qui assurément lui servira, notamment quand il arrivera à Chicago en 1931 après avoir sillonné les États-Unis. Il enregistre justement dès 1931 ses premiers disques, déjà très influencé par Leroy Carr, notamment au chant. Il parviendra toutefois à s’en démarquer pour se forger un style progressivement plus personnel, basé sur des textes savoureux tirés de ses expériences et itinérances de jeunesse. Bumble Bee Slim se concentre d’ailleurs sur cet aspect et sur son chant, laissant souvent la guitare à d’autres alors qu’on le sait très capable d’exceller à cet instrument. En développant cet aspect de sa musique, il aurait sans doute fait partie des pionniers du blues de la Côte Est, mais il est davantage séduit par un blues teinté d’urbanisme très en vogue à Chicago dans les années 1930.

En outre, cela ne l’empêche pas d’attirer l’attention de labels importants du blues urbain, principalement Decca et Bluebird, un courant dont il deviendra un des grands créateurs avec Big Bill Broonzy, Tampa Red, Washboard Sam et d’autres encore. De 1931 à 1937, il signe près de 200 faces qui en font un des bluesmen les plus populaires de son époque. Puis il s’installe en Californie car il envisage aussi une carrière d’acteur, où il contribue à la naissance du blues local, mais ça se traduit peu sur disque sinon une poignée de faces en 1951, qui sont très réussies mais ont peu de succès. Une ultime tentative au tout début des années 1960 avec des jazzmen ne convainc pas, et Bumble Bee Slim nous quitte donc en 1968. Côté discographie, le label Document propose l’intégrale de ses enregistrements de 1937 à 1951 avec la série en huit volumes « Complete Recorded Works In Chronological Order » (1994). Mais on peut se contenter de l’anthologie Frémeaux, qui offre en deux CD le meilleur de l’artiste avec « The Blues – From Georgia to Chicago – 1931-1937 ». Bumble Bee Slim aura marqué à jamais l’histoire du blues, et on le retrouve dans mon émission en 1936, au chant et à la guitare et avec Peetie Wheatstraw au piano, pour Meet Me in the Bottom.

 

Vous le savez très certainement, le Chicago Blues Festival se déroule en ce moment. Il a commencé hier 7 juin et s’achèvera demain dimanche 9 juin. Je ne reviendrai pas au programme détaillé aujourd’hui car je l’avais fait dans mon émission du 27 avril 2019 et dans un article publié sur mon site. S’agissant du plus grand festival du monde, je me suis donc dit qu’il serait opportun de marquer l’événement. Vous imaginez bien que je n’ai eu que l’embarras du choix, mais j’ai eu envie de m’arrêter sur Katherine Davis. Née le 25 février 1953, cette chanteuse relativement méconnue est pourtant active sur la scène de sa ville natale, où elle a fréquenté la plupart des grands bluesmen. Elle a toujours chanté, débuté avec le gospel, accompagné des jazzmen, mais elle ne se mettra vraiment au blues que dans les années 1980 et multipliera les collaborations.

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Avec Lurrie Bell. © : www3

On se souvient notamment de sa présence au sein du groupe Mississippi Heat, et elle apparaîtra également sur une compilation avec une autre chanteuse, Deitra Farr. Elle n’a pas beaucoup enregistré sous son propre nom, deux albums en fait : « Dream Shoes » (Southport/Katy D) en 1999, plutôt orienté jazz mais que je n’ai pas écouté, et « Rock this House – Live! » (The Sirens) en 2006, avec cette fois des bluesmen connus dont Erwin Helfer, Lurrie Bell et Kenny Smith. Elle s’implique également dans les programmes éducatifs pour les jeunes artistes (Blues in the Schools). Compte tenu de son âge, il n’y a pas de raison pour qu’un label discographique ne s’intéresse pas à une chanteuse du calibre de Katherine Davis. En attendant, on la retrouve donc dans mon émission au festival de Chicago, il y a tout juste un an le 8 juin 2018, avec une chanson intitulée Working Man Blues.

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