Au programme de mon émission sur YouTube, Harold Burrage (rubrique « Un blues, un jour »), et Colin James (rubrique « Top of Blues »).
Harold Burrage est né le 30 mars 1931 à Chicago, ville où il s’est également éteint le 26 novembre 1966, à seulement 35 ans des suites d’une crise cardiaque. Tout juste 52 ans après sa disparition, il reste assez méconnu bien qu’il ait marqué les années 1950 (un peu moins la décennie suivante, durant laquelle il s’orientera davantage vers la soul) avec sa musique très dynamique qui empruntait plus au R&B et même au rock ‘n’ roll, un peu dans la veine d’un Little Richard. En fait, il se sera exprimé dans plusieurs styles différents, car dès ses débuts en 1950, il apparaît au sein de la formation du chef d’orchestre et pianiste de jazz Horace Henderson (1904-1988), frère cadet de Fletcher Henderson (1897-1952). Mais après quelques singles pour Aladdin et States, la chance se présente en 1956, quand Eli Toscano lance son label Cobra, sur lequel débuteront les pionniers du blues du West Side de Chicago que seront Otis Rush, Buddy Guy, Magic, Jody Williams… Toscano faisant également appel à Willie Dixon (dont la relation avec les frères Chess est parfois houleuse…) comme producteur et « directeur artistique », Harold Burrage profite de l’énorme influence du célèbre contrebassiste pour entrer dans « l’écurie » Cobra dès l’année de fondation de la marque. Même si sa musique reste très ancrée dans le R&B, Burrage bénéficie bel et bien des meilleurs bluesmen de la fin des années 1950 pour enregistrer ! Sur Betty Jean, le titre de 1958 que j’ai choisi pour mon émission, il s’entoure ainsi d’Abb Locke et d’Harold Ashby aux saxophones, d’Otis Rush à la guitare, d’Henry Gray au piano, de Willie Dixon à la basse et d’Odie Payne à la batterie ! La crème de la crème… Malgré la qualité de sa production, la période Cobra (1956-1958) n’est pas génératrice de gloire pour Burrage… Il se tourne ensuite vers la soul qui émerge alors à Chicago et offre d’autres alternatives aux artistes. Plutôt crédible, il obtient d’ailleurs dans le genre son seul véritable succès en 1965 avec Got to Find a Way. On ne saura donc jamais si sa carrière aurait vraiment décollé car il est mort brutalement l’année suivante…
Pour aller plus loin, le choix est simple car la discographie d’Harold Burrage est assez maigre… Je vous conseille la compilation « Messed Up! – The Cobra Recordings 1956-1958 » (West Side, 2001), qui rassemble ses faces réalisées pour Cobra.
Quant à Colin James, qui fait l’objet de ma première rubrique « Top of Blues », il ne manque pas d’expérience car il vient donc de sortir son dix-huitième album en 30 ans, « Miles to Go » pour le label True North Records/Stony Plain. ». Et ce CD occupe en novembre 2018 la première place du Powerblues, le classement des meilleurs albums du mois selon les animateurs francophones du Collectif des radios blues (CRB), raison pour laquelle Colin James est mis en avant dans « Top of Blues ». Outre le Powerblues, le CRB propose chaque mois l’Airplay, un classement des titres les plus diffusés dans ses émissions (une quarantaine à ce jour). Je ne manquerai d’ailleurs pas d’évoquer ces classements chaque mois sur ce site, et autant que possible dans les émissions sur ma chaîne. Né Colin James Munn le 17 août 1964 à Regina au Canada, ce chanteur et guitariste est plutôt éclectique dans son approche et évolue en blues, blues rock et rock. Bien avant d’enregistrer son premier album en 1988, il est remarqué dès 1984, à seulement 20 ans, par Stevie Ray Vaughan, avec lequel il tourne quelque temps. Sa discographie s’orientera plus franchement vers le blues à compter de 1995 avec « Bad Habits » puis « National Steel » en 1997, mais il ne se cantonnera jamais au seul versant « traditionnel » de cette musique : il apprécie en effet également le jump blues, le swing ou encore le jive, au point d’enregistrer une « trilogie » d’albums couvrant ces différents genres (voir sélection discographique plus bas). Mais avec ce « Miles to Go » sorti en septembre dernier, il revient résolument à l’hommage aux grands créateurs du blues, avec des reprises de Muddy Waters, Howlin’ Wolf, Blind Willie Johnson, Blind Lemon Jefferson, Robert Johnson, Charles Brown, Arthur « Big Boy » Crudup… Dans mon émission j’ai toutefois retenu comme extrait de ce CD une composition signée Colin James, 40 Light Years.
Outre le récent « Miles to Go », quelques disques de Colin James recommandés pour aller plus loin :
– « Bad Habits » (Elektra, 1995). Premier disque franchement blues de l’artiste. Avec des invités dont Mavis Staples, Lenny Kravitz, Kim Wilson, Bobby King, Terry Evans, « Sax » Gordon Beadle…
– « National Steel » (Warner, 1997). Comme son titre l’indique, un album de blues très traditionnel, en grande partie acoustique et composé presque exclusivement de reprises (13 sur 14 chansons).
– La trilogie « Colin James and the Little Big Band » (trois volumes, 1993, 1998 et 2006), plus orientée jump blues, swing, jive…
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