Blues in France copie

Au programme de mon émission sur YouTube, Eddie Kirkland (rubrique « Un blues, un jour ») et Ms. Lauryn Hill (rubrique « Blues in France »).

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© : REX / The Telegraph

Il y a tout juste 8 huit ans, au matin du 27 février 2011, quelques heures après avoir donné un concert à Dunedin en Floride, Eddie Kirkland, 87 ans, entreprend au volant de sa voiture un demi-tour sur une route à Crystal River, également en Floride. Il ne voit pas arriver un bus qui ne peut l’éviter et percute violemment sa voiture, lui causant des blessures mortelles. Ainsi s’éteint cet étonnant bluesman, sur une de ces routes qu’il aura inlassablement sillonnées durant toute son existence, au gré d’un parcours qui n’a vraiment rien de banal. Eddie Kirkland naît le 16 août 1923 à Kingston, Jamaïque, d’une mère à peine adolescente âgée de seulement 11 ans, dont il croira longtemps qu’elle était sa sœur aînée… Sa famille s’installe très vite aux États-Unis, d’abord dans l’Alabama, où il dira avoir été au contact du blues en entendant des chants de travail. Après avoir débuté en chantant du gospel, il apprend l’harmonica puis la guitare (ainsi que l’orgue, qu’il utilisera moins). Pris de bougeotte très jeune, il prend part au Sugar Girls Medicine Show, un spectacle itinérant, puis on le retrouve dans l’Indiana. En 1943, après son service militaire, il finit par se fixer (provisoirement…) à Détroit.

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© : Discogs

Cette période lui permet de se perfectionner, et en 1948, il rencontre John Lee Hooker qui fait ses débuts discographiques la même année. Les deux hommes deviennent proches, ils vont travailler ensemble durant près de 15 ans, même si cette collaboration sera irrégulière, enregistrant des faces pour différents labels et sous différents pseudonymes. Il est donc extrêmement complexe de retracer leurs discographies pendant cette période, mais ils s’inscrivent bien en chefs de file d’une scène de Détroit alors peu développée. Parallèlement, Kirkland affirmera avoir abattu un homme et passé 3 ans dans un pénitencier, une information toutefois difficile à vérifier… Il enregistre en 1962 un excellent premier album avec King Curtis, « It’s The Blues Man! ». Une expérience qui le persuade de plus s’orienter vers la soul et lui vaut de travailler avec Otis Redding, sans toutefois obtenir un grand succès. Incapable de se stabiliser, on le surnommera le « gypsy du blues », une image qu’il entretiendra soigneusement plus tard en se coiffant d’un bandana qui sera sa marque, et déçu par le milieu, il prend d’abord ses distances.

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Lors de son dernier concert à Dunedin, Floride, le 26 février 2011, soit la veille de son décès. © : Beer in Florida

Mais l’appel de la musique est le plus fort et il revient progressivement, et deux albums pour Trix au début des années 1970, « Front and Center »(1973) et « The Devil and Other Blues Demons »(1974), le montrent en plutôt bonne forme. Mais juste après, le sort s’acharne. Pris dans une fusillade dont il n’est pas à l’origine, il est gravement blessé par balles et perd l’usage de son œil et de son oreille gauches. Il reprend pourtant sa carrière, enregistre de nouveaux disques et parcourt inlassablement la route au volant de sa voiture pour donner des concerts. En 1981, il signe un album très bluesy que j’aime beaucoup chez JSP, « Pick Up the Pieces ». Je connais moins ses disques suivants, assez nombreux, mais je me souviens de « Lonely Street » (Telarc, 1997), que j’avais chroniqué pour Soul Bag, et sur lequel il prouvait qu’il avait de beaux restes… Artistiquement, Eddie Kirkland, c’était d’abord une voix superbe, très puissante mais également expressive, ce qui à mes yeux en fait un remarquable chanteur de soul blues. Sa guitare et son harmonica étaient plus proches des racines, ce qui rendait son style assez personnel et favorisait beaucoup son feeling et sa sincérité. Pour mon émission, j’ai pris un extrait de son album « Pick Up the Pieces », Write My Baby a Letter.

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© : Discogs

 

Pour la rubrique « Blues in France », même s’il s’agit d’une France lointaine si on vit en métropole, le moment est venu de parler de la prochaine édition du festival Terre de Blues sur notre belle île de Marie-Galante (Guadeloupe). Il se déroulera du 7 au 10 juin prochain, et ce sera en outre la vingtième édition car ce festival a été fondé en 2000. Si je l’évoque aujourd’hui, c’est d’une part car la billetterie en ligne est désormais ouverte (vous pouvez acheter places et passes à cette adresse), mais aussi parce que l’organisation vient de révéler trois premiers noms du programme.

Il s’agit du groupe martiniquais Malavoi, fondé en 1969 et qui fête donc ses 50 ans de carrière, de Tarrus Riley, venu de Jamaïque et qui représentera le reggae, enfin de Ms. Lauryn Hill, plus proche de notre spectre habituel car l’américaine jongle avec la soul, le R&B et le hip-hop. Bref, pas encore véritablement de blues avec ces artistes, toutefois tous très recommandables dans leurs styles respectifs, ne nous méprenons pas… Et le grand intérêt de ce festival international est justement de donner une place à tous les genres de la musique populaire, qu’ils soient d’origine afro-américaine, caribéenne, africaine, sud-américaine…

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Les Como Mamas lors de l’édition 2018. © : Daniel Léon

De toute façon le programme n’est pas complet, je ne manquerai donc pas d’occasions dans les prochaines semaines d’y revenir dans mon émission et sur mon site au fur et à mesure que les infos me parviendront… Pour rester dans notre cadre, j’ai retenu pour mon émission Ms. Lauryn Hill dans un hommage très réussi qu’elle rendait en 2015 à Nina Simone (issu de la compilation Revive/RCA « Nina Revisited… A Tribute to Nina Simone »), Feeling Good.

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Ms. Lauryn Hill. © : Saint Heron