Réédition semaine copie

Au programme de mon émission sur YouTube,Etta James(rubrique « Un blues, un jour ») et Alabama Slim(rubrique « Réédition de la semaine »).

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© : NMAAHC

George Gershwin fut assurément un des plus grands compositeurs du siècle dernier. Le 28 février 1943, il y a tout juste 76 ans aujourd’hui, « Porgy and Bess », peut-être son œuvre la plus célèbre, était présentée pour la première fois à Broadway, à New York. Évoquer Gershwin dans mon cadre n’a rien d’aberrant tant il a influencé des artistes dans différents genres y compris dans le secteur de la musique populaire, et en particulier le jazz, le R&B, la soul, et aussi le blues même si c’est dans une moindre mesure. En outre, alors que la création originale de « Porgy and Bess » date de 1935, cette première du 28 février 1943 à Broadway est hautement symbolique. En effet, cette œuvre, qui est un opéra, raconte la vie d’Afro-Américains en Caroline du Sud dans les années 1930, à une époque où la ségrégation est extrêmement dure dans cet État. Une telle représentation à Broadway était déjà une belle victoire, mais elle se caractérisait aussi par le plus important casting d’acteurs noirs jamais réunis sur une scène. Quelques années plus tôt, il n’était pas rare dans les arts du spectacle (théâtre, cinéma…) de remplacer les comédiens afro-américains par des acteurs blancs grimés en noir…

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© : Variety

En plus des grands orchestres qui interpréteront souvent ses œuvres, les plus grandes chanteuses de jazz chanteront Gershwin, d’Ella Fitzgerald à Sarah Vaughan en passant par Billie Holiday. On peut également citer Nina Simone, mais elle était au programme de mon émission du 22 février. J’ai donc retenu aujourd’hui une autre magnifique vocaliste en la personne d’Etta James, avec un extrait d’un album qui date de 1994, « Mystery Lady: Songs of Billie Holiday ». Il s’agit bien sûr d’une composition de George Gershwin, intitulée The Man I Love.

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© : Discogs

 

Ma réédition de la semaine porte sur une compilation du nom de « Blue Muse », une rétrospective de 21 morceaux sortie par la fondation Music Maker à l’occasion du 25eanniversaire de sa création par Tim Duffy. En 25 ans d’existence, cette fondation a aidé plus de 400 artistes, souvent inconnus mais toujours talentueux, pour qu’ils puissent faire des tournées et enregistrer des disques. On retrouve dans cette sélection des artistes que l’on peut qualifier d’historiques (bon nombre nous ont hélas quittés ces dernières années) comme Captain Luke, Cool John Ferguson, Eddie Tigner, John Dee Holeman, Algia Mae Hinton et Alabama Slim, et d’autres plus obscurs comme Dave McGrew, Martha Spencer, Kelley Breiding, Boot Hanks, Sam Frazier, Jr. D’autres ont aussi mené une carrière en dehors de la Music Maker comme Robert Finley, Dom Flemons ou Willie Farmer.

Il faut y ajouter des invités prestigieux qui ont soutenu à différents niveaux la fondation, en l’occurrence Taj Mahal et Eric Clapton. Le Britannique est d’ailleurs présent sur un instrumental inédit, pour un duo acoustique enregistré en 1995 avec Tim Duffy à la seconde guitare, Mississippi Blues. C’est donc un ensemble très intéressant qui offre un panorama étendu et varié des différents styles traditionnels représentés par ces artistes : blues de la Côte Est, Delta Blues et Hill Country Blues, mais aussi Old Time Music et gospel. Si on ajoute que le livret est complet et bien documenté, on tient là un disque exemplaire pour découvrir l’action ô combien louable de cette fondation. À noter que cela s’accompagne d’un livre de magnifiques photos de Duffy, Blue Muse: Timothy Duffy’s Southern Photographs, publié par la University of North Carolina Press en collaboration avec le New Orleans Museum of Art, lequel accueillera aussi une exposition du 25 avril au 28 juillet, Timothy Duffy: Blue Muse. Pour illustrer cela dans mon émission, j’ai choisi le chanteur et guitariste Alabama Slim, avec un morceau enregistré en 2005 qui s’appelle I Got the Blues.

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Alabama Slim. © : Music Maker