Top of blues copie

Au programme de mon émission sur YouTube, Luther « Snake Boy » Johnson (rubrique « Un blues, un jour »), et Otis Redding pour les 50 ans de Soul Bag(rubrique « Top of blues »).

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© : Babrinson77 / Wikipedia

Cela fait tout juste 43 ans aujourd’hui, le 18 mars 1976, que Luther Johnson nous a quittés. Mais une fois encore, attention aux confusions. Il s’agit bien de Luther « Snake Boy » ou « Georgia Boy » Johnson, qu’il ne faut pas confondre avec Luther « Guitar Junior » Johnson, né en 1939 et qui est toujours bien vivant. Il est en outre très facile de les confondre, car en plus d’être tous deux chanteurs et guitaristes, chacun a aussi fait partie du groupe de Muddy Waters ! Et jamais deux sans trois car le blues compte un autre homonyme, Luther « Houserocker » Johnson, mais quand même moins connu et qui n’a pas joué avec Muddy… Le plus cocasse, c’est que le Luther Johnson dont je parle aujourd’hui aurait pu nous éviter les confusions, il s’appelle en effet en réalité Lucious Brinson !

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Muddy Waters, Luther Johnson, Paul Oscher. © : Pinterest

Il est né le 30 août 1934 à Davisboro en Géorgie (l’année 1941 est citée depuis peu, mais elle divise pour l’heure les spécialistes), où il travaille à la ferme et apprend la guitare en autodidacte. Au milieu des années 1950, il débute dans le gospel à Milwaukee au sein des Milwaukee Supreme Angels puis forme un trio de blues. Installé à Chicago au début des années 1960, il commence par accompagner Elmore James. Au milieu de la décennie, il apparaît sur des disques de Big Mama Thornton et John Lee Hooker, avant de rejoindre Muddy Waters avec lequel il reste jusqu’en 1970. Parallèlement, il joue aussi avec Otis Spann et réalise des albums sous son nom à partir de 1969, avec et sans Muddy. C’est un artiste extrêmement sensible, qui produit un blues moderne et inventif, mais il sait aussi se replonger dans ses racines sudistes pour produire une musique très profonde et prenante.

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© : last.fm

Cette double approche convenait certes très bien pour accompagner Muddy, mais j’aime aussi beaucoup ses trois albums sous son nom sans Muddy, tous gravés en France pour Black and Blue : « Born in Georgia » (1975, enregistré en 1972), « On the Road Again » (1975, enregistré en 1972) et « Lonesome in My Bedroom » (1977, enregistré en 1975). Luther Johnson est hélas mort trop jeune d’un cancer en 1976, à seulement 41 ans. J’ai choisi un extrait de son dernier album, enregistré en décembre 1975 à Paris, trois mois avant son décès, « Lonesome in My Bedroom ». Il est superbement accompagné avec Hubert Sumlin et Lonnie Brooks aux guitares, Little Mack Simmons à l’harmonica, Willie Mabon au piano, Dave Myers à la basse et Fred Below à la batterie. J’ai justement pris pour mon émission le morceau qui donne son nom au disque. Attention, on tutoie la perfection…

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© : Discogs

 

Pour cette page « Top of Blues », impossible d’éviter le numéro 234 de Soul Bag, paru vendredi dernier, qui marque les 50 ans de la revue avec une nouvelle formule. Fondée fin 1968 par Jacques Périn et un cercle d’amateurs de musiques afro-américaines (qui deviendra rapidement le CLARB, le Comité de liaison des amateurs de rhythm & blues), Soul Bag est plus que jamais une des trois plus anciennes revues du monde toujours en activité dans son domaine, avec Jefferson en Suède et Blues News en Finlande, nées la même année. Une telle longévité, surtout en presse écrire spécialisée, est juste exceptionnelle, et une preuve de pertinence de choix éditoriaux qui ont su évoluer sans perdre en cohérence ni trahir la ligne éditoriale originelle.

Outre l’anniversaire, la nouvelle formule de Soul Bag n’est pas seulement plus moderne, elle est épurée, avec un équilibre optimisé entre textes et images, des volumes réduits et plus de niveaux de lecture au sein même des rubriques qui sont reliftées, quand elles ne sont pas carrément nouvelles : « A Day In… » (découverte d’une ville, d’un lieu), « Back to the Roots » (sujets historiques), « Road Story » (témoignages de tournées). Même les éternelles chroniques connaissent une nouvelle jeunesse, avec les « Pieds » récapitulés en début de rubrique et l’apparition des « Scoops », des coups de projecteur sur des révélations… Et ce n’est pas tout, Soul Bag s’offre aussi un site Internet complètement remanié, et croyez-moi, le changement est peut-être encore plus spectaculaire que la version papier. On note ainsi beaucoup plus de brèves en page d’accueil et des chroniques de disques qui permettent de s’informer plus rapidement et de pallier le fait que la revue ne sort que tous les trois mois.

Je voudrais maintenant conclure avec les grandes lignes du sommaire de ce numéro 234. Tout d’abord le gros morceau, un article intitulé « 50 ans, 50 titres », autrement dit un morceau marquant par année depuis la création de Soul Bag, de B.B. King (1968) à Delgres (2018). À cela s’ajoutent des sujets sur le blues du Mississippi aujourd’hui (illustré par Vasti Jackson, Terry Bean et Zac Harmon), Leyla McCalla, Emily King, Johnny Tucker, Julia Lee, Nashville, Kelly Finnigan, Willie Farmer, Junius Meyvant, Rev. Sekou, Alexis Evans, Judith Hill, Automatic City, Reese Wynans… Pour illustrer cela, j’aurais pu prendre un des 50 titres du dossier, avec par exemple B.B. King qui était en couverture du n° 1 en décembre 1968. Mais vous savez sans doute que Soul Bag a été précédé en mars 1968 d’un numéro unique intitulé Super Soul, également créé par Jacques Périn en hommage à Otis Redding disparu l’année précédente. J’ai donc opté dans mon émission pour ce formidable chanteur qui fut à l’origine de cette belle aventure, en public en 1967 entouré des MGs de Booker T. et des Memphis Horns, avec Try a Little Tenderness.