En tournée copie

Au programme de mon émission sur YouTube, Little Milton (rubrique « Un blues, un jour »), et Little Mike and the Tornadoes (rubrique « En tournée »).

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En 1948. © : Dr. Ernest C. Withers Sr. Courtesy of the Withers Family Trust, www.witherscollection.org / Oxford American

Je vous propose de nous arrêter aujourd’hui sur la station WDIA à Memphis, qui a commencé à émettre le 7 juin 1947, qui fait bien entendu partie des radios historiques du blues, mais aussi de toutes les musiques afro-américaines. Et parmi ces radios, elle fut surtout la première à proposer un programme entièrement destiné au public noir. Ce qui n’était pas le cas, notamment, de KFFA à Helena, fondée six ans plus tôt, ni de KWEM, lancée en janvier 1947 à West Memphis (voir mon émission et mon articledu 23 février 2019). Pourtant, ça n’avait pas très bien commencé pour les gérants blancs, John Pepper et Bert Ferguson : les émissions de la première année, consacrés à la country et à la pop de l’époque, peut-être parce qu’elles se démarquaient peu de la concurrence, n’attiraient pas les auditeurs.

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Nat Williams. © : Memphis Music Hall of Fame

Mais tout va changer avec l’arrivée de Nat D. Williams (1907-1983), un Noir natif de Beale Street à Memphis, professeur d’histoire mais aussi grand amateur de musique, journaliste, imprésario et donc animateur radio. En octobre 1948, il lance Tan Town Jubilee, la première émission aux États-Unis visant délibérément le public noir. Il obtient un succès immédiat et la station devient la deuxième à Memphis. Ses propriétaires décident alors d’étendre l’ensemble de leur programmation spécialement à l’attention des Noirs, ce qui lui permet cette fois de devenir la radio la plus écoutée de la ville. En cette période de forte ségrégation dans le Sud, il faut souligner ce phénomène. En outre, comme Nat Williams est également agent et qu’il avait monté des spectacles dès les années 1930, il connaît les musiciens locaux.

L’histoire est certes connue mais cela fait toujours plaisir de la rappeler : des artistes de la stature de B.B. King, alors sous son vrai nom Riley King, voire Bee Bee King, à partir de début 1949, puis peu après Rufus Thomas, mais aussi Elvis Presley quelques années plus tard, firent leurs débuts sur WDIA. À partir de 1954, une augmentation de la puissance à 50 000 watts étendra son influence à tout le Delta et jusqu’au golfe du Mexique. La radio appartient aujourd’hui au groupe Clear Channel Communications et ses programmes continuent d’honorer les musiques d’inspiration afro-américaine. Plutôt que de remettre B.B. King ou Rufus Thomas, je suis allé voir ce qui passait en ce moment sur cette radio. Des choses anciennes et actuelles, du R&B, de la soul, du gospel, du blues… Et je suis tombé sur Little Milton, qui lui aussi a débuté sur disque à Memphis, en 1953 pour le label Sun de Sam Phillips. Je vous propose donc de l’écouter dans mon émission en 1966, avec Feel So Bad.

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© : Discogs

 

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Pinetop Perkins, Little Mike, Hubert Sumlin et Jimmy Rogers. © : Little Mike and the Tornadoes

En ce jour de tournées, considérons celle de Little Mike and the Tornadoes, qui nous proposent six dates en cette première moitié de mois de juin. De son vrai nom Mike Markowitz, le chanteur et harmoniciste Little Mike annonce la couleur sans détour sur son site officiel : lui et ses musiciens font dans un blues direct et énergique, directement hérité des groupes de Chicago des années 1950. Originaire de New York où il est né le 23 novembre 1955, Little Mike s’est d’abord inspiré de John Lee Hooker et de Paul Butterfield, mais il s’est surtout arrangé pour ne pas manquer les concerts des bluesmen qui ne manquaient pas de passer dans sa ville natale. Mine de rien, il a fondé ses Tornadoes il y a déjà plus de 40 ans, c’était en effet en 1978…

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© : Discogs

À la fin des années 1980, il apparaît sur des albums de Pinetop Perkins et de Hubert Sumlin, puis, dans la foulée, le groupe enregistre son propre premier album en 1990, « Heart Attack » (Blind Pig). Il en compte aujourd’hui une petite dizaine, auxquels s’ajoutent d’autres collaborations, dont une assez récente avec la chanteuse Zora Young en 2015. Passons maintenant aux dates qui nous attendent en France : Little Mike and the Tornadoes seront donc dès ce soir 7 juin à Douchapt (Dordogne), puis le 8 à Saignes (Cantal) pour le festival Carrefour du Blues en Sumène Artense, le 9 à Fresselines (Creuse), le 13 à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), le 14 à Sanvensa (Aveyron) et le 15 à Saint-André-de-Cubzac (Gironde). Bien, comme il s’agit de tournée, le mieux est d’écouter ce beau monde sur scène. Je vous propose dans mon émission une chanson extraite d’un concert de 2015 en Floride These Women Nowadays.