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Sur ce site, j’ai pour habitude de m’arrêter sur des dates très précises commémorant la naissance ou le décès d’artistes, ou bien correspondant à des événements. Aujourd’hui, j’ai décidé de faire une entorse à cette routine avec un chanteur et guitariste du nom de Cecil Augusta, qui serait né vers 1920 à Williston, Tennessee. Quant à la date et au lieu de son décès, nul ne semble les connaître, et on ne sait rien d’autre de sa vie. Pourtant, en 1959, Alan Lomax (qui écrit qu’il a alors trente-neuf ans, ce qui nous permet de déduire qu’il vit le jour vers 1920) l’enregistre à Memphis le temps d’un seul titre, Stop all the buses. L’écoute de ce morceau stupéfie : on entend un bluesman expérimenté et très talentueux, dont le jeu de guitare, certes acoustique, est d’un étonnant modernisme. L’ethnomusicologue David Evans, chargé des notes de la compilation « Alan Lomax – Blues Songbook » (Rounder, 2003) sur laquelle la chanson d’Augusta apparaît (quarante-quatre ans après son enregistrement !), ne cache pas son enthousiasme : « Parfait exemple d’un artiste qui se pointe lors d’une session d’enregistrement de terrain et qui disparaît avant que l’on réalise combien il était bon. » Combien d’artistes de qualité dans le même cas ? Augusta s’est donc évanoui dans la nature après ce morceau, mais je vous propose d’écouter ce Stop all the buses, et si vous ne le connaissez pas, vous pourriez être surpris(e)s…