Peinture de l’Anglais Francis Barraud en 1898, qui représente le chien Nipper, base du logo de la Victor Talking Machine Company, fondée en 1901.

Le premier 45-tours est commercialisé le 31 mars 1949. Mais sa gestation nous ramène aux fondations de l’enregistrement. L’ancêtre du disque est le cylindre, utilisé en 1877 par l’Américain Thomas Edison pour ses premiers enregistrements sonores sur son fameux phonographe. On parle alors d’enregistrement vertical. Tout juste dix ans plus tard, Emile Berliner, un Américain d’origine allemande, invente le gramophone, un lecteur de disque plat, l’enregistrement est donc cette fois horizontal (mais le disque n’a qu’une face), et le premier label discographique de l’histoire voit ainsi le jour sous le nom de Gramophone. La marque domine le marché en cette fin de XIXe siècle, quand un troisième Américain, Eldridge Reeves Johnson, se rapproche de Berliner et investit dans son entreprise. Des démêlés judiciaires avec un de leurs associés, Frank Seaman, privent Johnson d’utiliser le nom Gramophone, mais il parvient toutefois à ses fins, et le 12 mars 1901, il crée la Victor Talking Machine Company.

© : Discogs.

Soutenue par un logo plutôt génial, qui représente un chien interrogateur à l’écoute du son produit par le pavillon d’un phonographe, His Master’s Voice (La voix de son maître), le label s’impose rapidement en leader dans les années 1920, à une époque qui correspond à l’essor des compagnies discographiques. Il est sans doute vain de préciser que les disques tournent alors à la vitesse de 78 tours par minute… En 1929, la Grande Dépression oblige les responsables à vendre leur compagnie à la Radio Corporation of America (RCA), qui devient RCA-Victor. Les 78-tours ont encore de belles années devant eux. Mais si Columbia sort le premier 33-tours en 1948 (nous y reviendrons certainement ici !), on retrouve presque au même moment RCA-Victor, présent depuis les origines du disque, avec un support osé, le 45-tours. Avec un seul morceau par face, un diamètre moindre (environ 18 cm) que le 78-tours (25 à 30 cm, également plus lourd et plus épais) et le 33 tours et ses 30 cm, le 45-tours, également économique, fait rapidement beaucoup d’adeptes.

Un lecteur de 45-tours en 1949. © : Frank Beacham’s Journal.

RCA-Victor cherchait à mettre au point un nouveau format de disque au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. On ne sait pas réellement quand le premier 45-tours fut mis en vente, même si un code couleurs fut alors adopté : vert (country), jaunes (enfants), rouge (classique), orange (R&B, blues, gospel)… Selon certaines sources, il s’agirait d’un single pour enfants par Paul Wing with Russ Case and his Orchestra, Pee-Wee the piccolo, parts 1 & 2, gravé le 7 décembre 1948 et commercialisé le 31 mars 1949. D’autres citent le chanteur, guitariste et banjoïste de country Eddy Arnold avec son single Texarkana baby (face B de Bouquet of rosesenregistré l’année précédente), également mis en vente ce fameux 31 mars 1949. En fait, RCA-Victor semble avoir sorti ce même jour plusieurs 45-tours (certains parlent de plus de 100 références !), parmi lesquels des rééditions avant l’heure de chansons du bluesmen Arthur « Big Boy » Crudup… L’histoire ne tranche donc pas totalement, mais cela ne nous empêche pas de nous délecter des morceaux de cette époque, dont nous vous proposons maintenant une sélection.

Arthur Fiedler (chef d’orchestre du Boston Symphony et du Boston Pops), s’essaie à la nouveauté du 45-tours, le 18 février 1949. © : Maddy Burke / Facebook.

Bande-annonce de RCA-Victor vantant les avantages des premiers 45-tours en 1949. Irrésistible !
Pee-Wee the piccolo par Paul Wing with Russ Case and his Orchestra le 31 mars 1949, avec un disque jaune…
Texarkana baby par Eddy Arnold le 31 mars 1949, de la country d’inspiration hawaïenne, le disque est vert, comme prévu…
That’s all right mama, par Arthur « Big Boy » Crudup tirée du 45-tours orange du 31 mars 1949.

 

Arthur « Big Boy » Crudup. © : Michael Ochs Archives / Getty Images / uDiscover Music.