En novembre 1970 © : Pertti Nurmi / Blues Photography.

Ce superbe chanteur-guitariste fait partie des bluesmen un peu restés dans l’ombre malgré une discographie plus que consistante et un indiscutable talent à la guitare slide, un style dans lequel il fait partie des meilleurs interprètes de sa génération. Il naît John Wesley Funchess le 16 avril 1931 à Learned ou Chapel Hill, Mississippi, deux localités voisines à l’ouest de Jackson. Il découvre le blues lors d’un fish fry durant lequel se produit à la guitare un ami de son père, Henry Martin. Plus tard, en 1946, alors âgé de quinze ans, il prend la route, stationne à Jackson, en Arkansas, à Rochester dans l’État de New York, avant de se fixer un temps à Gary dans l’Indiana. De là, il se rend souvent à Chicago, distante d’une cinquantaine de kilomètres, où il fourbit ses armes dans les clubs, avant de finalement s’installer dans la Windy City où il côtoie Blue Smitty, un autre chanteur-guitariste, auteur de faces chez Chess en 1952.

© : The Arhoolie Foundation.

Moins de deux ans plus tard, le 29 ou le 30 décembre 1953, il joue chez Vee-Jay sur des singles de Jimmy Reed dont les classiques You don’t have to go et Boogie in the dark, sur lesquels sont également présents Eddie Taylor à la guitare et Albert King à la batterie ! On ne le revoit pas sur disque avant août 1966 quand il apparaît cette fois sous son nom (ou du moins celui de Johnny Little John) pour le label Magaret puis en 1968 chez T.D.S., dans le second cas avec des « pointures » comme Abb Locke au saxophone, Lafayette Leake au piano, Calvin Jones à la basse et Bill Warren aux fûts. Il n’en faut pas plus pour attirer le toujours avisé Chris Strachwitz du label Arhoolie, qui lui permet d’enregistrer son premier album, « John Littlejohn’s Chicago Blues Stars ». On découvre un remarquable chanteur à la voix puissante et expressive, dont la guitare slide vibrante donne des frissons de la première à la dernière note.

© : Blue Eye.

Suite à cela, le talent de Littlejohn éclate sur d’autres opus dont « Funky From Chicago » (1973, Bluesway, avec Walter Horton, Eddie Taylor, Andrew « Blueblood » McMahon, Willie Smith, Pinetop Perkins, Dave Myers, Fred Below…), « Dream » (1976, un live pour le label MCM de la Française Marcelle Morgantini), « Sweet Little Angel » (1978, Black & Blue), « The Blues Show! – Live at Pit Inn qu’il partage avec Carey Bell (Yupiteru, 1982), « So-Called Friends », 1985, Rooster) et « When Your Best Friends Turns Their Back On You » (JSP, 1992). À cela s’ajoute de multiples collaborations avec Bob Riedy, Lafayette Leake, Valerie Wellington, Buster Benton… John Littlejohn tient alors un rôle significatif sur la scène du Chicago Blues, mais il décède d’insuffisance rénale le 1er février 1994, à soixante-deux ans.

© : eBay.

Écoutons maintenant quelques chansons de ce beau styliste.
Kitty O en 1966, son premier single (Johnny Little John).
Catfish blues en 1968.
29 ways en 1968.
Reconsider baby en 1972 avec Bob Riedy.
Worried head en 1973.
Kiddeo en 1976.
Sweet little angel en 1978.
Train boogie en 1978 avec Lafayette Leake.
Bloody tears en 1982 avec Carey Bell.
Feel like choppin’ en 1992.

 

© : André Hobus / Bob Corritore.