© : Dixiefrog.

Nous sommes au mois de novembre et l’heure des bilans de fin d’année approche. Comme en 2021 et 2022, à compter de ce huit novembre 2023 et chaque semaine et jusqu’en janvier 2024, je vous propose mon palmarès des 10 disques qui ont selon moi marqué cette année qui s’achève. Commençons avec un habitué des distinctions car il s’agit d’Eric Bibb pour son album « Ridin’ » paru chez Dixiefrog, sur lequel il démontre une énième fois toute l’étendue de ses talents. Pour vous convaincre, comme je le fais souvent, je vous propose le texte de ma chronique publiée dans le numéro 250 de Soul Bag, ainsi que deux chansons extraites du disque en écoute, Ridin’ et I got my own.

© : Jan Malmstrom / RFI.

ERIC BIBB
RIDIN’
BLUES TRADITIONNEL
La discographie d’Eric Bibb s’aborde désormais comme un livre d’histoire dont chaque album est un chapitre : ainsi, l’illustration du disque s’inspire du tableau A Ride for Liberty (1862) d’Eastman Johnson, qui montre des esclaves en fuite. Après Family qui rappelle que l’humanité forme une famille, il est d’ailleurs vite question de liberté sur l’obsédant Ridin’, qui invite à prendre un freedom train qui laisse derrière lui des lieux marquants de la lutte pour les droits civiques (Rosewood, Selma, Gainesville…), ou de mauvais souvenirs comme le meurtre d’Emmett Till en 1955. Ça continue sur The ballad of John Howard Griffin (guitare jazzy subtile de Russell Malone), opposé à la ségrégation, Tulsa town et ses percussions rappelant un cheval au galop pour illustrer le massacre de Tulsa en 1921, l’enlevé et revendicateur Call me by my name en duo avec Harrison Kennedy… Eric n’oublie pas l’humour qu’il partage avec Taj Mahal et Jontavious Willis sur Blues funky like dat, rend hommage à l’itinérance de Son House sur le somptueux blues lent I got my own (avec un Amar Sundy très inspiré à la guitare), relit Nina Simone avec ferveur sur une version live de Sinner man, retrouve son ami malien Habib Koité sur Free pour garder le lien avec l’Afrique. Petit bémol, les deux instrumentaux en forme d’interludes (Onwards et Church bells) sur un CD généreux qui compte au total 15 chansons, n’étaient peut-être pas nécessaires. Mais d’un point de vue artistique, c’est quasi parfait. Ce qui frappe, c’est l’extrême dépouillement qui caractérise chaque chanson pour faire passer des textes souvent durs, pourtant toujours impeccablement arrangée et produite (la « patte » Glen Scott, bien sûr !), avec une mention spéciale pour les percussions et les chœurs. Suite au prochain chapitre.
© : Daniel Léon / Soul Bag.

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