En 2012. © : Christophe Losberger / Delmark Records.

Je me souviens très bien de mon interview de Jimmy Burns, l’après-midi du 12 mai 2012 dans le lobby de son hôtel à Oraison (04), quelques heures avant un excellent concert à la salle de l’Eden District Blues. Affable, bien calé dans un fauteuil profond, à la fois facétieux mais sérieux, il insiste d’abord sur le fait que son lieu de naissance, soit Dublin, Mississippi, est aussi le berceau du blues. Ce qui est vrai, car l’histoire retient que W.C. Handy vit pour la première fois en 1903 ce que nous appelons aujourd’hui un bluesman à Tutwiler, une ville à seulement cinq kilomètres de là. Bien plus tard, en 1955, il s’installera à Chicago où il deviendra un chanteur et guitariste en vue plutôt tardivement, au milieu des années 1990. Pour l’avoir également vu dès cette époque, je peux certifier que son blues moderne restait très marqué par la tradition sudiste, ce qui fait toute l’originalité de cet artiste attachant qui poursuit sa carrière alors qu’il fête donc aujourd’hui ses quatre-vingts ans.

Jimmy et Eddie Burns, Chicago, 2005. © : Brigitte Charvolin / Soul Bag.

Né le 27 février 1943, il vit encore sur une plantation du Delta quand il chante à l’église et apprend la guitare. Une fois à Chicago, il est encore adolescent quand il chante dans un groupe de doo-wop, les Medallionaires, puis se produit un temps en solo, avant de s’exprimer dans un registre soul au sein d’une autre formation, les Fantastic Epics. Il grave ses premières faces en 1964 pour USA puis une poignée d’autres, toujours pour de petits labels, jusqu’en 1972. À cette époque, son frère aîné Eddie « Guitar » Burns (1928-2012), qui vit à Détroit depuis 1948, mène une belle carrière de son côté, en particulier avec John Lee Hooker. Jimmy n’a pas le même succès, et durant les années 1970 et 1980, il prend ses distances avec la musique pour fonder une famille.

© : Stefan Wirz.

En 1996, à cinquante-trois ans, il signe un retour spectaculaire avec un superbe album chez Delmark, « Leaving Here Walking », qui marque d’emblée les esprits avec une nomination au Blues Music Awards, alors que la National Association of Independent Record Distributors le couronne meilleur disque de blues de l’année ! Grâce à ses multiples influences, sa voix poignante et son jeu de guitare plein d’imagination, il impose son style personnel au sein d’un blues moderne par ailleurs souvent prévisible. Jimmy Burns enregistre ensuite une demi-douzaine d’albums, la plupart pour Delmark, généralement de très bon niveau, et ce n’est peut-être pas fini… En attendant, voici quelques chansons en écoute.

En 2017. © : Christophe Mourot / Soul Bag.

Forget it en 1964. Son tout premier morceau, plus proche de la Northern Soul que du blues !
You’re gonna miss me when I’m gone en 1966, avec les Fantastic Epics.
Leaving here walking en 1996.
Miss Annie Lou en 1996.
Back to the Delta en 2003.
Stop the train en 2007. Avec de la slide !
Early morning blues en 2012 (live).
Wade in the water en 2016. Il n’oublie pas ses débuts dans le gospel.

 

© : Delmark Records.