Les temps du gospel copie

Au programme de mon émission sur YouTube, Lillian Glinn (rubrique « Un blues, un jour ») et Pops Staples (rubrique « Sur scène »).

Glinn

En première partie, « Un blues, un jour » nous fait remonter assez loin dans le temps, au 2 décembre 1927 pour être précis. Ce jour-là, la chanteuse Lillian Glinn entra pour la première fois en studio, à Dallas au Texas, pour inaugurer sa discographie chez Columbia. Née le 10 mai 1902 à Hillsboro, Texas, elle a forgé sa voix en chantant à l’église dans sa jeunesse. Bien qu’elle ait enregistré dès les années 1920 comme les plus célèbres chanteuses du courant du blues classique (dont Bessie Smith, Ma Rainey ou encore Mamie Smith, à laquelle on doit le tout premier disque de blues en 1920), elle est bien moins connue. C’est dommage, car outre ses talents de vocaliste, elle se démarquait de la plupart de ses paires qui s’exprimaient dans un style urbain et sophistiqué, souvent dans des orchestres de jazz. Or, Lilian Glinn deviendra une des premières blueswomen à intégrer des éléments du blues rural dans sa musique, elle jouera donc en quelque sorte un rôle dans l’évolution d’un style vers l’autre. Après avoir enregistré 22 titres au total, elle abandonnera sa carrière musicale en 1929 pour se consacrer à l’église. On peut trouver ses enregistrements sur plusieurs compilations, la plus facile à dénicher étant « Complete Recorded Works In Chronological Order 1927-1929 » (Document).

 

Staples Peace

Comme chaque dimanche je consacre une page au gospel, et je m’arrête aujourd’hui sur Pops Staples. Il faut dire que nous avions plusieurs raisons d’évoquer ce leader charismatique : il a fondé les Staple Singers en 1948, il y a 70 ans, cette année 2018 l’a vu entrer au Blues Hall of Fame et son groupe au Gospel Hall of Fame ! Le chanteur et guitariste Roebuck « Pops » Staples est né le 28 décembre 1914 à Winona dans le Mississippi, mais il a grandi près de la petite ville de Drew, en plein Delta. Il s’est installé à Chicago en 1935 où il a donc lancé le groupe familial avec trois de ses filles, Mavis, Yvonne et Cleotha, mais aussi son fils Pervis, qui sera plutôt une sorte de remplaçant ponctuel. Les Staple Singers ont connu le succès dès le début des années 1950 et cela ne s’arrêtera jamais vraiment. Et depuis la mort du père en 2000, sa fille Mavis, aujourd’hui la dernière en vie avec Pervis, continue d’entretenir brillamment la flamme. L’incroyable réussite du groupe provient sans doute de sa capacité à maîtriser plusieurs styles, le gospel bien sûr, mais aussi la soul dont Mavis reste une figure essentielle, enfin le blues car Pops Staples a appris auprès de gens comme Charlie Patton, Son House ou Robert Johnson ! Pléthorique et variée, la discographie du groupe et de ses membres est aisément disponible sous différents supports. En revanche, Pops Staples n’a pas beaucoup enregistré sous son nom, mais j’aime beaucoup ses albums « Peace to the Neighborhood » (Virgin, 1992, le morceau que j’ai programmé en est tiré) et « Don’t Lose This » (dBpm, 2015, à partir d’enregistrement datant de 1998). Mais dans tous les cas de figure, son extraordinaire chant poignant marquait vraiment les esprits quand il se replongeait dans le blues de ses origines. J’ai donc choisi un titre enregistré en 1992, avec entre autres Ry Cooder à la slide et un autre vocaliste génial dans les chœurs, le regretté Terry Evans. Il s’agit du bien nommé « Down in Mississippi »…

Staples Don't lose