Howard Grimes au Ponderosa Stomp à La Nouvelle-Orléans, le 2 octobre 2015. © : WTJU.

Hospitalisé depuis la fin du mois dernier, Howard Grimes s’est éteint hier 12 février 2022 des suites d’une insuffisance rénale, à l’âge de quatre-vingts ans. Bien que moins connu que d’autres musiciens de sa génération, il a pourtant contribué aux plus belles heures de la soul de Memphis, mais aussi du blues, chez Stax puis au sein de la fameuse Hi Rhythm Section. Né Howard Lee Grimes le 22 août 1941 à Memphis, Tennessee, il grandit dans une famille musicale. Il dira d’ailleurs que sa mère, grande amatrice de jazz, fut sa première influence, alors que son grand-père aimait surtout la country. Mais le jeune Howard, qui commence à jouer de la batterie à six ans, écoute aussi la radio et les émissions de l’animateur Dewey Phillips, qui passait beaucoup de rock ‘n’ roll mais aussi du blues, tout en s’inspirant des batteurs de jazz Gene Krupa et Cozy Cole.

Howard Grimes (à gauche) et Al Green en galante compagnie. © : Commercial Appeal.

Dès lors, à seulement douze ans, il se produit sur scène aux côtés de Rufus Thomas ! Un peu plus tard, en 1959, le même Thomas lui permet d’apparaître sur disque dans son groupe qui comprend également Carla Thomas (sur la chanson Cause I love you). Le label sur lequel ils enregistrent, fondé deux ans plus tôt par Jim Stewart et sa sœur Estelle Axton née Stewart, s’appelle alors Satellite. En 1961, il changera de nom et deviendra Stax, un des plus importants labels de soul (mais aussi de blues, de funk, de gospel, de R&B…) de l’histoire. Avec d’autres musiciens afro-américains dont Booker T. Jones et le batteur Al Jackson, Grimes s’impose malgré son jeune âge comme un pilier de la marque. Très demandé durant toutes les années 1960, il est aussi sollicité par la radio WDIA qui organise des Starlight Revues, des concerts de charité en faveur de jeunes dans le besoin, ce qui lui donne l’occasion d’accompagner Marvin Gaye.

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Sa carrière prend une nouvelle dimension en 1968, quand Teenie Hodges, le guitariste de Willie Mitchell, l’approche. Hodges sait que Mitchell cherche alors un batteur, et il est persuadé que Grimes serait une excellente option. Mitchell ouvre donc à Grimes les portes de sa Hi Rhythm Section (et donc de son label Hi Records), ce qui lui permet d’enregistrer et de se produire avec Al Green, Ann Peebles, les Memphis Horns… Grimes figure sur certains des plus grands succès d’Al Green dont Let’s stay togetherI’m still in love with you et Call me. Il collaborera ensuite avec Syl Johnson, Don Bryant, Otis Clay et O. V. Wright. La vente de Hi Records en 1977 n’arrête pas son parcours. Il s’associe avec Leroy Hodges, le bassiste du label, et travaille avec des bluesmen dont Albert Collins, mais également avec de jeunes musiciens de Memphis pour lesquels il est désormais un mentor. En 2021, il a publié son autobiographie Timekeeper: My Life in Rhythm (Devault Graves Books), écrite avec Preston Lauterbach, historien spécialiste du blues.