En tournée copie

Au programme de mon émission sur YouTube, Freddie Roulette (rubrique « Un blues, un jour »), et Otis Taylor (rubrique « En tournée»).

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Earl Hooker et Freddie Roulette en 1968 au Club Alex à Chicago. © : Willy Leiser, Blueslife / Pinterest

Freddie Roulette, né le 3 mai 1939, fête donc ses 80 ans aujourd’hui. Samedi dernier, le 27 avril 2019, il était question dans mon émission et mon article de Hop Wilson, un des rares adeptes de la steel guitar dans le blues. Or, il se trouve que Roulette utilise également cette technique ! Du moins, une technique proche… Wilson employait une steel guitare fixe, sur une table posée sur le sol, munie d’un certain nombre de pédales que l’on actionne avec les pieds. La lap steel est en quelque sorte une version simplifiée, c’est une guitare que l’on met sur ses cuisses, le terme anglais lapdésignant la partie de la jambe au-dessus du genou… Issu d’une famille louisianaise (de La Nouvelle-Orléans), ce que trahit son nom, Frederick Martin Roulette est toutefois né à Evanston dans l’Illinois, en banlieue de Chicago, où il a appris la lap steel à partir de 12 ou 13 ans après avoir vu une musicienne en jouer.

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Dorothy L. Hill / Blues Art Journal

C’est bien sûr à Chicago qu’il va commencer à se produire, d’abord dans les clubs du South Side, et se faire progressivement connaître. En 1965, il attire l’attention d’un certain Earl Hooker qui l’invite à rejoindre son groupe, des plus impressionnants car il compte déjà Pinetop Perkins(p), Carey Bell (ha) et Andrew « Big Voice » Odom (voc)… Du coup, Roulette jouera sur « The Genius of Earl Hooker » (Cuca, 1967, titres enregistrés de 1964 à 1967) et « 2 Bugs and a Roach » (Arhoolie, 1969), certainement les deux meilleurs albums d’Hooker. À l’été 1969, il participe à l’enregistrement de l’album « Chicago Blue Stars – Coming Home » (Blue Thumb, 1970), là encore dans une sorte de « supergroupe » comprenant Charlie Musselwhite (ha), les frères Myers, (g, b) et Fred Below (d) ! Il se lie alors d’amitié avec Musselwhite, qu’il imite en s’installant en Californie, tourne avec John Lee Hooker et collabore avec des musiciens de la scène locale dont Sugarcane Harris et Harvey Mandel, qui jouent sur son premier album en 1973, « Sweet Funky Steel » (Janus). Parallèlement, il entame une longue collaboration avec le groupe Daphne Blue du guitariste Ray Bronner.

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© : J.P. Bellanger / Bel7 Infos

Freddie Roulette devient ainsi une figure du blues de la Côte Ouest, c’est un musicien très respecté et demandé pour son jeu atypique, mais comme souvent pour des artistes plutôt accompagnateurs, il signe peu d’albums sous son nom. Soulignons toutefois « Back In Chicago – Jammin’ With Willie Kent And The Gents » (Hi Horse, 1996) et « Spirit of Steel » (Tradition & Moderne, 1999, avec les Holmes Brothers), qui démontrent que Roulette est également un très bon chanteur… En 2015, un incendie ravagea son domicile, et pendant qu’il essayait de retrouver son chat et de prévenir le voisinage, on lui vola sa guitare… Une collecte de fonds et des concerts de bienfaisance furent nécessaires pour qu’il puisse à nouveau exercer. Son influence s’exerce jusqu’en France, où en 2010 un certain Benoît Blue Boy fit appel à lui pour son album « Funky Aloo » (Tempo), et une tournée s’ensuivit. Et justement, je vous propose de retrouver Benoît en 2010 au New Morning, avec ses Tortilleurs et donc Freddie Roulette sur Je marche doucement.

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© : J.P. Bellanger / Bel7 Infos

 

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© : Last.fm

Ce vendredi, traditionnellement consacré aux tournées, me donne l’occasion d’évoquer Otis Taylor, un artiste très connu chez nous car depuis une quinzaine d’années, il ne passe sans doute pas un exercice sans qu’il nous rende visite. Chanteur doté d’un grosse voix grave, il est également multi-instrumentiste et joue de l’harmonica, du banjo, de la guitare, de la mandoline… Il se distingue surtout par sa musique atypique et hypnotique, et revendique d’être en quelque sorte l’inventeur d’un genre qu’il appelle le Trance Blues, le blues de la transe, il a d’ailleurs créé le Trance Blues Festival chez lui à Boulder dans le Colorado. Mais il se démarque aussi par ses textes très engagés qui fustigent notamment l’esclavage, le racisme et la ségrégation, n’hésitant pas non plus à aborder des thèmes comme la drogue, la prostitution, la violence…

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© : Michael Weintrob/weintrobphotography.com / Premier Guitar

Né le 30 juillet 1948 à Chicago mais donc installé à Boulder, il s’est révélé en 2002 avec son album « Respect the Dead » (NorthernBlues, 2002), et il en totalise aujourd’hui une quinzaine. Il convient de préciser que sa musique a évolué ces dernières années, et ce vers un durcissement assez marqué. J’ai vu Otis cinq ou six fois en concert et j’avoue une préférence pour ces prestations les plus anciennes. Mais ce n’est que mon avis et le voir sur scène reste une expérience marquante, d’autant qu’il s’appuie beaucoup sur le public, qu’il aime haranguer et même parfois provoquer.

Pour sa tournée, huit dates dont une en Suisse nous intéressent directement en ce mois de mai, les voici : Otis Taylor sera le 9 au Moloco à Audincourt (Doubs), le 10 aux Docks à Lausanne (Suisse), le 11 à la salle Jacques-Brel à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), le 12 à la Grande Ourse à Saint-Agathon (Côtes-d’Armor), le 14 à la salle Nougaro à Toulouse (Haute-Garonne), le 15 à l’Agora de Saint-Xandre près de La Rochelle (Charente-Maritime), le 16 au théâtre des 2 Rives à Charenton-le-Pont (Val-de-Marne) et le 17 au théâtre de Corbeil-Essonnes (Essonne). J’ai choisi pour mon émission une version de Ten Million Slaves enregistrée en 2010 au festival de Telluride. Un grand classique mais avec groupe incroyable comprenant percussions, violoncelle, chorale gospel, Anne Harris au violon et Chuck Campbell des Campbell Brothers à la pedal steel…

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Avec Anne Harris. © : KBCSRadio / YouTube