Pour ce deuxième volet de ma rubrique dédiée aux disques 2022, je m’arrête sur Sugar Queen, de son vrai nom Michele Denise, et son dernier album « Better Days ». Bien qu’elle ait signé deux albums en 2018 (« 340 Blues ») et en 2019 (« Sugar Queen Live), cette chanteuse originaire du nord de la Floride reste très peu connue. Elle découvre le blues dès son enfance, mais elle joue du piano et chante du gospel à l’église. L’obtention d’une bourse universitaire qui lui permet d’étudier le piano classique ne l’empêche pas de continuer à se produire dans les clubs de blues, et à l’église où elle dirige également des chorales. Un tournant important dans sa vie survient en 2006 quand elle décide de s’installer en Malaisie, où elle forme un groupe de blues et de rock, Deuces Wild. Sugar Queen joue même pour le roi de Malaisie puis travaille avec des artistes chinois dont Yuli Chen, producteur de la musique de la cérémonie d’ouvertures des Jeux olympiques de 2008. En 2017, elle change une nouvelle fois de continent pour se fixer aux Pays-Bas. Le parcours est atypique, mais le dernier album de cette excellente vocaliste, très orienté Chicago Blues,  est une superbe réussite. Voici maintenant un extrait, Shake off dem blues, et ci-dessous ma chronique tirée du numéro 246 de Soul Bag.

Au Blues-sphere le 5 novembre 2022, Liège, Belgique. © : Claire Rensonnet.

 

SUGAR QUEEN AND THE STRAIGHT BLUES BAND
BETTER DAYS
BLUES MODERNE
De son vrai nom Michele Denise, originaire de Floride, la chanteuse Sugar Queen a l’âme voyageuse. Elle a en effet vécu en Malaisie avant de s’installer en 2017 aux Pays-Bas. Après deux premiers albums passés inaperçus, elle nous en propose un troisième très impressionnant. Il y a d’abord la voix. Grave, puissante, mais jamais forcée avec ce qu’il faut de sensualité. Soulignons les textes intéressants mais aussi l’accompagnement, composé de quatre Néerlandais impeccables, Jean Raven (guitare), Jan van Drunen (claviers), Erwin Huigen (basse) et Lars Hoogland (batterie). Du blues moderne typé Chicago mais la variété ne manque pas. On trouve des shuffles percutants (I’m that kinda woman et sa guitare brûlante, Change my name et son orgue insistant), des blues en tempo moyen pleins de groove (Mister Calhoun, sur lequel orgue et guitare fusionnent, Lovin’ only keeps a man et ses paroles pleines d’humour : « La cuisine ne retient pas un mari, seulement l’amour. »), et d’autres lents qui invitent à la réflexion (Looking back et son désenchantement, « les mauvais moments ne sont jamais loin et les bons ne sont que des mensonges », Are you gonna do right, « faire les choses bien est un poids, est-on du bon côté de la route ? »). À cela s’ajoute une belle ballade soul blues (Better days), un titre à la Bo Diddley (Lolly’s Place avec encore des paroles amusantes sur l’ambiance d’un club), Creeping going on entre soul blues et rumba avec un orgue et des percussions formidables, enfin un Shake off dem blues endiablé pour finir en beauté. Bref, absolument rien à jeter, même si j’ai toujours un peu de mal à comprendre l’utilité d’une version pour la radio d’une chanson, ici Better days… Mais à part ça, c’est quasi parfait, et avec un tel potentiel, Sugar Queen est à suivre de très près.

 

Au Bluesroute en 2021 à Helmond, Pays-Bas. © : Marcel Van Gerwen.

 

En 2020. © Paul Scholman.